L'indépendance au féminin

Musique / Pour sa 8e édition, et sa quatrième escale grenobloise, le festival Les femmes s’en mêlent réserve encore quelques belles surprises scéniques, après le concert-évènement de Shivaree et Kelly de Martino. Damien Grimbert

Si l’on reste un peu frustré que le versant électro du festival soit cantonné à une seule date parisienne (featuring M.I.A. la nouvelle égérie sri-lankaise des dancefloors londoniens), il faut reconnaître que le plateau grenoblois de cette 8e édition ne manque pas de panache. A commencer par la date de ce samedi, qui accueillera dans un premier temps Jomi Massage, projet solo de Signe Høirup Wille-Jørgensen, danoise suractive impliquée depuis près de 12 ans dans la scène alternative locale. Au-delà de l’étiquette prometteuse, mais carrément réductrice pour le coup, de “reine du bruit”, la jeune fille, qui donne aussi dans la performance, les installations, l’édition alternative, quand elle ne dirige pas une galerie d’art, crée une musique aussi rageuse que mélodique, en permanence à fleur de peau. Rappelant plus d’une fois la colère incandescente de PJ Harvey dans ses premiers albums (Ride of me, 4-Tracks demo), elle compose un canevas de mélodies brutales et envoûtantes sur lesquelles se pose sa voix hantée, alternant ballades lo-fi et explosions punk. Une excellente introduction à la “sensation” Roger Sisters, composée des deux sœurs Jennifer et Laura, et de Miyuki Furtado. Au programme un rock 100% new-yorkais, qui puise sans complexe dans son glorieux passé (new wave, no wave, punk, garage), pour retrouver l’énergie brute à base de riffs cinglants et de sueur, et les sensations primaires qu’il engendre, à mille lieux d’une intellectualisation frigide devenue trop courante. Festif sans être relou, et inventif en restant accessible, leur dernier album Three Fingers est une belle surprise.Run to ruinLa date du dimanche se fera, quand à elle, plus intimiste, avec pour commencer la prestation de Nina Nastasia. Franchement mélancoliques, mais empreintes de grâce, les complaintes folk qu’elle chante d’une voix douce et quasi-résignée font la part belle à un songwriting introspectif, suffisamment émouvant pour ne jamais être austère, et dont la jolie noirceur empreint durablement les mémoires. Produit par Steve Albini, Run To Ruin, son troisième album fait preuve d’un raffinement rare dans les compositions, renforçant encore le doux spleen créé par la tristesse du chant. Pour lui succéder, Regina Spektor, illustre artiste new-yorkaise originaire de Moscou, devrait sans problème faire oublier le rendez-vous manqué de l’an passé, tant sa forte personnalité, alliée à des aptitudes évidentes au piano et au chant achève d’en faire une performeuse de talent, à l’univers musical agréablement inclassable, oscillant entre légèreté et soubresauts intimistes autrement plus tragiques. Une douche écossaise qui ne manque pas de séduction, et renforce encore s’il en était besoin, la crédibilité d’un festival dont la qualité ne faiblit pas avec les années.Les Femmes s’en mêlentle 30 avril et le 1er mai au Ciel

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