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Expo / En ce mois de mars, trois expositions interrogent la place de la peinture dans l’art d’aujourd’hui. Vev

François Glineur est tombé dans la peinture lorsqu’il n’était qu’un jeune enfant. Elle s’est imposée à lui plus qu’il ne l’a choisie. Elle est devenue le journal intime d’une recherche qui le pousse dans ses derniers retranchements. Ses œuvres reflètent ses tourments intérieurs, c’est dans le chaos de ses défauts qu’il puise son inspiration. Vif, le trait guide sa main. Il lutte contre les systématismes hérités d’un esthétisme propre à l’époque, se souvient de son glorieux passé. Lorsque François Glineur peint, il laisse ainsi s’accumuler la matière, picturale, esthétique et historique. C’est elle qui donnera la forme ultime à ses tableaux. C’est elle qui le guidera dans la complexité fragmentée de ses dessins. L’aridité trompeuse de son dessin semble alors s’opposer à une surcharge illusionnée de sa peinture. Mais dessin comme peinture se nourrissent l’un l’autre, construisant un univers d’une naïveté colorée qui tente un lien entre la peinture classique et les jeux vidéos d’aujourd’hui. Ce lien est aussi à rechercher dans l’exposition de Jean Corréard et de Delphine Fabbri Lawson. Mais il n’a plus à faire avec la bande dessinée ou les jeux vidéos. Les deux artistes s’attachent aux nouveaux médias, et pourtant chacune de leurs œuvres se construit comme une peinture. Les couleurs, les masses qui composent leurs photos comme leurs vidéos se répondent, s’agencent dans une composition géométrisante. Le sujet s’efface pour laisser place au motif. Leurs images s’organisent ainsi intrinsèquement, répondant à leurs propres règles. Il s’en échappe une formalité plastique qui joue des règles picturales. Cela vaut surtout pour les petits formats qui s’inscrivent dans un patchwork de formes, de couleurs. La dilatation du temps de la Havane se ressent alors, par vague. Et l’inertie cubaine se rapproche. La question d’une autre lecture du paysage urbain se précise. Les images vont ainsi au-delà de ce qu’elles désignent, gommant tout repère.Subjectivité ferméeC’est peut-être Bjorn Mortensen qui fait le lien entre les deux recherches précédentes. Lui travaille la peinture comme la photographie. Naturellement, pourrait-on dire. Mais chez ce jeune artiste norvégien, ces deux pratiques relèvent de la schizophrénie. En effet, ses tableaux s’inscrivent dans une veine naïve un peu rock. Ses personnages prennent forme grâce à de larges aplats qu’il réveille par un geste souple et rapide. On y aperçoit la vision angélisée d’un univers qui le fascine quand dans ses photographies, c’est sa réalité qu’il donne à regarder. Des instantanés, retravaillés, de ses pérégrinations à travers le monde où on lit la subjectivité d’un sentiment, d’un souvenir. Paysages, portraits qui forment un pendant inversé à sa pratique picturale. D’où toute la complexité de saisir le travail de cette artiste snowboarder. Une impression de laisser-aller, de non-aboutissement parfois car jamais rien n’indique la possibilité d’aller-retour entre ces univers. Ainsi c’est finalement l’artiste qui a choisi de travailler les deux média qui en révèle toutes les différences, sans oser s’en emparer pleinement. Comme si la peinture devait rester pour toujours aux portes de ce siècle.François Glineurjusqu’au 9 avril à la Nouvelle Galerie Sin Embargopar J. Correard et D. Fabbri Lawsonjusqu’au 28 mars à Fluid Image Bjorn Mortensen jusqu’au 9 avrilà la Spacejunk Gallery

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