More than jazz

panorama / De retour au port MC2 mais désormais profondément ancré dans le territoire du département, le Grenoble Jazz Festival maintient contre vents, marées et courants, le cap qu’il s’est fixé depuis des années : celui d’une défense ardente d’un jazz européen et émergent, côtoyant stars et glorieux aînés, loin de tout esprit de chapelle. Hugo Gaspard

Au risque de faire passer d’entrée ce qui suit pour un panégyrique éhonté, on affirmera avec fougue et détermination, que la sélection de ce 33e Grenoble Jazz Festival ne souffre aucune contestation possible ! Au-delà de tel ou tel choix de programmation, c’est bien sûr la cohérence et la dynamique d’ensemble, pétrie d’un souci de justesse et d’excellence, qui force le respect. Et témoigne surtout d’une ouverture d’esprit peu commune, la manifestation s’attelant à couvrir une bonne partie du spectre d’un genre, polymorphe et en constante évolution, capable d’offrir un impressionnant champ des possibles depuis ses déclinaisons les plus commerciales (voir le succès des Norah Jones et consorts) jusqu’aux formes les plus expérimentales (Dj Spooky par exemple). Une programmation grand écart qui réservera son lot habituel de découvertes, de révélations et de surprises (souvent à chercher du côté des différents cycles qui la composent) et renvoie par là-même aux oubliettes la sempiternelle question du “jazz ou pas jazz” complètement déplacée et pour tout dire, d’un autre âge. Sans en revenir à Duke Ellington qui déclarait qu’«il n’y a que deux types de musique : la bonne et la mauvaise», on rappellera seulement que dans ses périodes les plus fastes, le jazz a toujours été perméable aux autres genres musicaux et aux innovations de toutes sortes, dont il s’est copieusement nourri pour exister en se démultipliant. Dont acte.Passages et relaisJeunes pousses, figures émergentes ou confirmées, et monstres sacrés se partageront donc la vedette d’une édition 2005 toute entière construite autour de la notion de passage (voir ci-dessous) et ce, même si les sémillants septuagénaires que sont Wayne Shorter (compagnon de route de Miles et fondateur de Weather Report) et McCoy Tyner (voir ci-contre) ne semblent pas vraiment prêts à lâcher le témoin ! De véritables légendes (toujours) vivantes qu’on ne ratera évidemment sous aucun prétexte sous peine de remords et de damnation éternels, tandis que la manifestation s’offrira d’autres hommages tout aussi pétris d’admiration et de respect avec les célébrations de Piaf (par l’ARFI du regretté saxophoniste Maurice Merle) et de Nougaro par ses anciens compagnons de route. Qui dit passage dit évidemment Passages de l’Alpe, le cycle de rencontres autour de l’Arc alpin qui fête ici sa troisième édition avec deux belles créations (l’assocation Bojan Z / Paulo Fresu qui invitent la chanteuse Maria Pia de Vito et la rencontre entre David Murray et Micromegas) et une soirée de clôture qui s’offre (après Jan Garbarek, Terje Ripdal ou plus récemment Bugge Wesseltoft, présent lors des deux dernières éditions) un autre prestigieux membre de la pléthorique école norvégienne, le fabuleux trompettiste Nils Petter Molvær, figure tutélaire du nu jazz. Cette diversité fièrement revendiquée, on la retrouve également dans les lieux où se déroule le festival. Une véritable terre de Jazz couvrant tout le département et dans le giron de laquelle vient reprendre sa place une rutilante MC2, en accueillant une bonne partie des concerts et en proposant une très alléchante version du Cosmonaute Russe de Battista Lena par Laurent Pelly. Un retour aux sources en forme de transition vers un avenir que tous les amoureux du jazz espèrent radieux…

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