Caf-conc', pas mort

frisson dans la nuit / Les nombreux groupes grenoblois et d'ailleurs qui veulent se produire dans cette riante cité n'ont pas l'embarras du choix : deux trois assos, quelques locaux autogérés, et une poignée de bars qui perpétuent la tradition du café concert. Zoom sur trois d'entre eux qui accueillent plusieurs groupes par semaine. Bernard de Vienne

Logé dans quelques mètres carrés sur le cours Jean Jaurès, l'Art-Ti-Cho a tout du bistrot de quartier. Un zinc d'âge indéterminé, deux ou trois habitués au comptoir. Plus une scène dans le coin, sous un mur couvert d'affiches, témoin de la richesse de la programmation. «On fait entre 10 et 15 concerts par mois» précise Fred, jeune gérant du bar. Rycil, son associé, s'occupe de la programmation : «Ça se passe le mardi, si les musiciens appellent un autre jour je leur dis rappelez mardi ! L'organisation c'est pas mal de taf, au début on avait un mois de décalage, mais là on est plein jusqu'à mars». Pour des lieux exigus comme l'Art-Ti-Cho, les concerts ne permettent pas de faire fortune. «On le fait par goût, pas pour le pognon ! avoue Fred. T'as vu, le lieu n'est pas très grand... En général c'est 4 euros l'entrée avec une conso, dont 2€ pour le groupe. Ça rapporte quand même un peu, faut pas exagérer, mais c'est surtout pour dire de faire tourner des groupes de Grenoble, dans un esprit convivial». Pas sectaires, les patrons de l'Art-Ti-Cho programment de tout, et même des étrangers : «On a des groupes de toute la France, et des Anglais, des Belges, des Italiens, énumère Rycil... On attend des Allemands, des Espagnols. Tous les limitrophes». Les styles aussi sont variés, c'est un des rares lieux qui passe des concerts de métal. Julien, musicien d'Hellixir, est content : «On est bien accueillis. Il y a peu de lieux à Grenoble, à part ici et EVE». D'autant que le Saint-Arnaud, autre refuge des amateurs de gros son, a arrêté les concerts amplifiés pour cause de voisinage. À part ça, «Ce qu'on programme le plus c'est du rock, de la chanson intimiste, française quoi, blues, jazz... Ça va des années 60 à 2007, autant des compos récentes que des rocks un peu vieillots. Defroast et Boz2Prince c'est des compos, mais plus dans un style années 80». Les rapports avec les groupes sont normalement bons, mais comme dit Fred, «Les musicos qui rentrent et qui disent pas bonjour, tu leur donnes 2 bières et puis voilà. Sinon, si ça passe bien, tu fais la bringue, tu finis la soirée avec eux... Les musiciens, c'est comme les bars : y en a des cons !».Car-en-sacs et minto, caramels à un franc...Intérieur lumineux, flipper et comptoir en inox : welcome back to the 80's. À côté du pont de Catane, dans un bâtiment au charme tout soviétique, le Mistral Gagnant apporte un peu de vie dans un quartier excentré. «Bonne ambiance, conviviale, serveuse sympa accueillante et souriante !». Tout ça ? Du haut de ses 21 ans, Audrey, cogérante, tient le bar, fait à manger le midi, et gère la prog. Quand on s'étonne de son jeune âge, elle se marre : «Faut surtout avoir des couilles, c'est beaucoup d'investissement : gérer le bordel, être patronne. Quand j'ai repris début 2006 j'avais pas 20 ans. Quitte à bosser, autant faire ce que j'aime !». Côté musique, ça donne : «Drum'n'bass, techno, ... J'aime la teuf». La programmation reste variée, et sous la fresque du bar représentant Renaud et Brassens, tout le monde peut tenter sa chance. «Chanson, jazz, rock, reggae, punk... Organiser les concerts, c'est pas vraiment plus de boulot : C'est les groupes qui passent, ils apportent une démo et on les rappelle». Sur quels critères ? «Tout ce qui n'est pas trop à chier, que ça s'écoute un minimum. J'écoute et ça dépend de mon humeur. Quand j'aime pas j'égare leur maquette !». Financièrement, les soirs de concerts permettent d'améliorer l'ordinaire. «Le prix de l'entrée dépend des groupes, à la base c'est 5€ avec une conso. Des fois c'est 4, des fois on fait passer un chapeau...». Avantage du lieu pour les groupes, le Mistral n'a rien contre la musique amplifiée et les batteries, même s'il est arrivé que les voisins se plaignent.Upper class loungeLe Galway pub programme depuis 8 mois 3 à 4 soirs de musique par semaine. L'alcôve où jouent les musiciens a été sérieusement insonorisée, et il leur est interdit de dépasser les 92db. «S'ils ne peuvent pas jouer en dessous, on ne les programme pas, prévient Faten, dite Fé, cogérante du lieu. Et s'ils ne respectent pas, je débranche tout !». Les choses sont claires. Le Galway est le plus grand des trois bars, avec une déco classieuse et une capacité d'accueil de 120 personnes. «C'est arrivé qu'on ait 140 personnes pour Tracy Gang Pussy, mais c'était exceptionnel. On a refusé du monde, sinon ce n'était plus vivable à l'intérieur». Les entrées sont en moyenne à 5€ avec conso. «Généralement ça remplit, ça commence à porter ses fruits financièrement, reconnaît Fé. Ça a énormément changé le public du bar : chaque concert amène de nouvelles têtes». La programmation est assurée par son associé. Choix éclectiques, même si le rock prédomine. «On passe autant du rock que du jazz, r'n'b, groove... Maintenant, pour avoir une date un samedi, c'est pas avant fin mars». Reggae, dub, tek, sont moins bien lotis : «On en passe aussi, mais les Djs sont moins bien organisés, regrette Fé. Ils aiment bien arriver à l'improviste». Aucun de ces cafés concerts n'a de mal à remplir sa programmation, le public existe et c'est dans ce genre de lieu que la plupart des groupes font leurs premières gammes. S'il pouvait y en avoir plus, qui s'en plaindrait ? À part les voisins ?L'Art-Ti-Cho, 62 cours Jean Jaurès (04 76 47 59 44 / www.myspace.com/artticho)Le Mistral Gagnant, 2 avenue Rhin et Danube (04 76 48 08 05)le Galway Pub, 1 rue Colbert (04 76 53 28 04 / www.galway.fr)

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