Paris-Bamako, aller-retour

Mali / La présence de Red Earth dans la programmation du Grenoble Jazz Festival sonne comme une double reconnaissance : le replacement de l’Afrique au cœur de la géographie jazz d’une part, mais aussi l’affirmation évidente de la prépondérance féminine dans l’évolution de ces sonorités, via la présence de deux glorieuses représentantes au sein du projet.
Car être une femme au Mali et faire de la musique, ça ne va pas de soi, loin de là. En effet, la tradition musicale malienne est étroitement liée à l'organisation de la société : certains instruments ne peuvent être joués que par des hommes, et la pratique du chant n'est autorisée qu'à une classe de la population, la plus pauvre, les griots.
Mamani Keita vient d'une famille noble, et il lui a fallu braver quelques tabous et se délocaliser vers la France pour imposer sa superbe voix et exprimer pleinement son talent.
Ensuite, elle a dû passer par-dessus un tout autre malentendu : le succès de son projet Electro-Bamako avec Dominique Dalcan. La porte de sortie s'appelle Nicolas Repac. Flamboyant metteur en son pour Arthur H, le producteur et directeur de l'excellent label No Format a réalisé Yelema, le nouvel album de Mamani Keita.
C'est peu de dire que les arrangements inventifs de Repac sont au diapason des interprétations de Keita, qui n'hésite pas à avouer sa fierté vis-à-vis du résultat. La tête d’affiche Dee Dee Bridgewater, grande voyageuse devant l'éternel, a fait le chemin inverse. Depuis qu'elle vit à Paris, elle a obtenu une reconnaissance en tant que diva jazz partout dans le monde.
Mais son projet malien est l'occasion pour elle d'une double expérience : celle du retour à ses racines africaines, dont ses parents ne lui avaient jamais parlé, et qu'elle a découvertes sur la terre rouge malienne. Et l'opportunité de croiser les rythmes qu'elle connaît par cœur (du blues de son enfance dans le Mississipi jusqu'au jazz qu'elle a domestiqué dans les clubs new-yorkais) à ceux du peuple Peul, qu'elle a découverts et dont elle est tombée amoureuse.
Le projet trouve sa pleine consécration sur scène où des musiciens d'horizons différents feront corps autour de Dee Dee Bridgewater pour ce qui s'annonce comme un grand moment de sincérité et d'émotion. CCRed Earth, Dee Dee Bridgewater’s Malian Project. Jeu 13 mars à 20h30, au Grand Angle (Voiron)

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