(res)Sources de vie ?

panorama / La programmation de cette 12e édition des Rencontres Ethnologie et Cinéma se construit autour de quatre thématiques : Le monde du travail, Le bois et la forêt, Familles, je vous filme et Jeux d’enfants. Soit trente films très divers et une thématique forte, celle du travail. Séverine Delrieu

Ethnologie et Cinéma, initiative du Musée Dauphinois et de la Maison des Sciences de l’Homme – Alpes, rassemble des films dits ethnologiques ou ethnographiques. Tassadite Favrie, coordinatrice de l’évènement, rappelle que le film ethnologique recouvre trois impératifs : «L’étude des populations lointaines ou proches, l’étude complète de la culture, l’étude d’une société comparée à une autre société».
Par ailleurs, les programmateurs revendiquent un attachement à une vision large et contemporaine du film ethnologique.
«En plus des films ethno purs, nous avons toujours eu envie d’élargir : on accepte les films documentaires - que l’on distingue du reportage qui nous semble moins approfondi-, parfois des fictions lorsqu’elles sont à caractères ethnographiques, c’est-à-dire qu’elles reprennent un sujet d’une manière fidèle.» Films d’amateurs, fictions, documentaires, films scientifiques se répartissent à travers les quatre thématiques de cette programmation équilibrée «entre ce qui est public ou collectif comme le travail, le bois et la forêt, et des thématiques qui relèvent plus de l’intime, de l’immatériel comme la famille, les jeux d’enfants, des films de l’intérieur sur l’intérieur».
Le monde du travail apparaît néanmoins comme la thématique forte de ces Rencontres. Pour preuves, l’ouverture et la clôture de la manifestation sont consacrées à ce thème. «Lorsque nous avons vu Calor, nous avons décidé de construire une thématique autour du travail et nous avons associé sa réalisatrice, Martine Arnaud-Goddet, à la programmation». Ce premier volet du cycle “Le Monde du travail” sera d’ailleurs poursuivi lors de l’édition 2009. De l’entreprise familiale à la filiale
Les documentaires et la fiction choisis abordent les questions brûlantes liées au monde du travail contemporain. La dimension très locale du travail est aussi marquée dans cette édition.
«Le patrimoine industriel est très fort en Isère, et en Rhône-Alpes. Ce qui n’est pas vrai pour toutes les régions, et nous voulions le valoriser. De plus, en ce moment, beaucoup de nos débats de société portent sur les questions industrielles, y compris au niveau local, Crolles, les nano, Packard…».
Le documentaire Le fils du pressing, réalisé en 98 par Pierre-Yves Moulin, montre la lutte acharnée d’Imad pour sauver de la faillite le pressing de ses parents.
Ce commerce moribond, peu lucratif basé à la Villeneuve, symbolise d’abord l’histoire de ses parents, l’histoire d’une famille dans un territoire, et l’histoire de la France face à ses immigrés… La caméra du documentariste, à la fois pudique et proche, suit un homme décidé face à une adversité absurde.
Calor, une usine en perspective, documentaire très humain réalisé sur le site Calor en Isère, donne la parole à des employés ou retraités de l’usine, et pose en filigrane les questions de l’intérim, des délocalisations, et de la politique des grands groupes. It’s a free world.
La Voix de son maître, un documentaire en noir en blanc, très stylisé, de 1978 (c’est le début de l’industrialisation massive), est une perle incontournable.
Nicolas Philibert et Gérard Mordillat donnent la parole à 12 patrons de grandes entreprises françaises. Ces “boss” s’expriment sur, entre autres, les questions du pouvoir, du syndicalisme et de la gestion…
Un préambule d’anthologie, des paroles lâchées qu’aucun grands patrons n’oseraient prononcées aujourd’hui en public, fomente un film qui résonne fort aujourd’hui. La très belle fiction humaniste et poignante Ressources Humaines de Laurent Cantet (qui pourrait être un documentaire), pose la question des licenciements à travers une histoire emblématique de filiation.
L’autre film incontournable, c’est L’assiette sale ou des OMI au AMAP, un documentaire très personnel de Denys Piningre réalisé en 2007.
Une situation soi-disant impensable en France : dans le département des Bouches du Rhône, 5000 ouvriers agricoles saisonniers étrangers viennent chaque année “travailler” sur des exploitations. Ces hommes, logés dans d’immondes taudis, ruines qu’ils doivent payer 60 euros par mois, sont en grève.
À partir de ce fait intolérable, Denys Piningre déroule le fil de sa pensée, s’interroge, tente de comprendre, remonte à la source du problème, voyage, rencontre diverses personnes très bien choisies. Ce documentaire édifiant, et instructif sur “l’agriculture” intensive et les alternatives sera une base de débat passionnant lors de sa projection.
Enfin, en clôture, La rue est dans la nuit comme une déchirure, un documentaire très émouvant d’Alain Massonneau et de Catherine Page pose un regard sur le chômage de longue durée à travers l’histoire et l’action de l’association grenobloise GALLO, et de son fondateur le vibrant et puissant Christian. Ethnologie et Cinéma. 12e Rencontres, du 17 au 30 mars à Grenoble, Vinay, Villard-Bonnot, Saint-Ismier

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