Parfum eucalyptus

DJ surdoué, artiste multi facettes, amateur de sons bizarres et drôles, et éternel romantique, Kid Koala est un personnage à part dans l’univers du turntablism. Une star internationale sympa et disponible, dont l’univers complètement décalé fait tout le charme. Damien Grimbert

Élevé à Vancouver, au Canada au sein d’une famille chinoise très traditionnelle, Eric San se fascine dès sa préadolescence pour le hip-hop, et notamment les scratches assassins du premier DJ de Public Enemy, Professor X. Pensant également que ça lui permettra de rencontrer des filles (il déchantera rapidement), il s’initie rapidement au turntablism (qui désigne, on le rappelle, l’art de créer sa propre musique à l’aide de disques et de platines vinyles - turntables en anglais) et commence à animer quelques fêtes avec des amis.
En 1992, à 17 ans, il quitte Vancouver pour Montréal, au grand dam de sa mère, et commence, en sus de ses études, à mixer en soirée et à participer à des compétitions dans lesquelles il brillera rapidement. Tout ça pourrait donner lieu à un parcours très classique, mais le truc, c’est que Kid Koala a des aspirations radicalement différentes : les prouesses techniques et le public qui lève les bras en l’air, ça va un moment, mais ce qui l’intéresse vraiment, c’est le storytelling, l’art de raconter des histoires. Avec ses seules platines, ce qui n’est pas une mince affaire, comme il le dévoilera plus tard de façon métaphorique dans Nufonia Must Fall.Koala vs Ninja
Mais pour l’heure, nous sommes en 1996, et le kid décide de jouer le tout pour le tout sur sa première mixtape, Scratchcratchratchatch, une cassette audio sur laquelle il mixe tous les sons qu’il a sous la main : cris de koala, menu de restaurant chinois énuméré en cantonais, vieux dessins animés de Charlie Brown, samples de disques de jazz… Il faut dire qu’il a déjà une sacrée collection, en bonne partie constituée de disques dont cherchaient à se débarrasser des proches, ou piochés dans des boutiques de charité. Et tire un plaisir évident à créer sa musique à partir de disques dont plus personne ne voulait entendre parler.
Quelques mois plus tard, il trouve l’occasion de faire écouter sa mixtape, à la moitié du duo Coldcut, en tournée au Canada. Enthousiasmé, ce dernier décide de le signer sur son label Ninja Tune, déjà mondialement réputé mais pour l’heure uniquement constitué d’artistes britanniques.
Les années suivantes vont être chargées pour Kid Koala : en plus d’accompagner les artistes du label sur les cinq continents, il assure la première partie des Beastie Boys, de Björk ou encore de Radiohead, et collabore avec Dan the Automator au sein de Deltron 3030, mais aussi de son side-project à haute teneur érotique, Lovage, avec Jennifer Charles.Bingo & comic-books
En 2000, au pied du mur, il se résout à livrer son premier véritable album, Carpal Tunnel Syndrome, et pour déstresser un peu, il dessine en parallèle un mini comic-book, et crée un petit jeu vidéo, qui seront livrés avec l’album.
Calmant quelque peu son rythme de tournée infernal (plus de 200 dates par an), il s’attelle alors à la création d’un comics sans dialogue, Nufonia Must Fall, qui conte la romance impossible entre une frêle jeune fille et un robot destiné au travail à la chaîne, mais qui essaie désespérément d’enregistrer des chansons d’amour… Accompagné d’une bande-son qu’il compose lui-même au piano, le livre connaît un vif succès, qui confortera l’artiste dans sa volonté de s’ouvrir à de nouveaux médias.
Après la sortie de son deuxième album, Some of my best friends are DJs, en 2003 (cette fois livré avec un jeu d’échec), il décide d’aborder le live différemment, sous la forme d’un cabaret ambulant, The Short Attention Span Theatre, qui réunit 3 DJs sur 8 platines, et alterne turntablism, projection de films d’animation, et parties de bingo, entre autres incongruités. Avec comme objectif avoué de réduire le décalage entre ses dj-sets habituels, dont l’énergie funk, hip-hop, et rock’n’roll associée à ses performances aux platines fait vibrer la foule, et ses albums nettement plus posés, où vieux samples de jazz et sonorités biscornues s’entremêlent lascivement.
En 2006, sort finalement Your mom’s favorite DJ, son dernier album en date, tout aussi inclassable que les précédents.
Actuellement en tournée en première partie de deux autres légendes du turntablism, DJ Shadow et Cut Chemist (DJ de Jurassic 5), Kid Koala profitera de son passage en France pour faire un détour à la Maison de la Musique de Meylan, avant de finaliser son dernier projet de livre, consacré à un moustique féru de jazz qui joue de la clarinette… C’est peu de dire qu’on ne sait vraiment pas à quoi s’attendre.

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