Un doux parfum d'apocalypse

Musique / La triple performance musicale de ce jeudi au 102 vous laissera à n’en point douter sur les rotules. Trois esthétiques sonores complémentaires dans leur volonté de déstructurer la moindre note, de tout détruire (parfois littéralement) pour mieux reconstruire des univers étouffants sur les cendres de leur chaos.
Arnaud Rivière est le croisé d’un son noise poussé à l’extrême, bourreau impénitent d’une table de mixage qu’il triture dans tous les sens pour en faire sortir des saturations cinglantes, bidouilleurs violents de disques métalliques et autres outils de circonstance, percussionniste pénétré de ses sautes d’humeur live impressionnantes.
Le duo parisien de Melmac aura la lourde tâche d’apaiser les esprits après cette déflagration, mais devrait y parvenir sans trop d’efforts si l’on en juge par la qualité de ses compositions : rejetons d’un post-rock assumant pleinement ses influences (de Tarwater aux géniaux Godspeed ! You Black Emperor), les frères Reverter orchestrent des montées languissantes dans des sphères musicales stratosphériques.
Toiles de fond mélancoliques, superpositions doucereuses de couches sonores distillant une inquiétude tangible, un climat superbement pesant, le tout étant malaxé en tous sens lors de leurs performances scéniques. Enfin, les allumés de Sun Plexus 2 honorent de nouveau notre ville turgescente d’une visite.
Leur dernière production discographique en date, En souvenir de l’horreur, sonne comme une nouvelle remise à plat de leur art diffus de l’explosion noise hardcore, une habile continuité de ce qui fait la joie comme la savoureuse horreur de leurs aficionados. En définitive, le genre de soirée cathartique qui devrait vous donner envie, en sortant, d’agripper le premier venu par le col et de lui asséner un hurlement discontinu de cinq minutes. FC