Sans arme, ni haine, ni violence

Critique / Albert Spaggiari est entré dans la légende du banditisme quand, en 1976, il réussit un casse historique, celui de la Société Générale de Nice. Légende renforcée après son audacieuse évasion en plein jour par les fenêtres du Palais de Justice. C’est à ce moment-là que Jean-Paul Rouve décide de commencer son film, quand Spaggiari entame son exil quelque part en Amérique du Sud. Si Rouve prête ses traits à l’escroc, Sans arme, ni haine, ni violence est raconté du point de vue d’un journaliste de Paris Match (Gilles Lellouche, meilleur que d’habitude) qui part l’interviewer dans cette retraite «dorée».
Mais c’est bien la personnalité de l’escroc et l’étonnant regard que Rouve porte sur lui qui font tout le prix du film : entre Groucho Marx et Nicolas Sarkozy, entre un pitre se mettant en scène avec postiches et cigare et un beauf réactionnaire attiré par le bling-bling et la célébrité.
Extrêmement subtile, la composition de l’acteur-réalisateur montre l’endurance de Spaggiari pour assurer le show auprès de son interlocuteur, jusqu’au moment où son personnage s’effondre, tombe le masque et révèle toute la vacuité de son existence.
On pense alors au De Niro de La Valse des pantins, par cette capacité à être drôle malgré soi, mais certainement pas quand on cherche à l’être. On devine surtout un touchant autoportrait de l’ex-Robin des Bois en entertainer fatigué et en quête de sincérité. Rouve n’est pas aussi inspiré quand il s’agit de reconstituer le casse lui-même, notamment pour faire revivre l’équipe constituée autour de Spaggiari (il y avait pourtant une vraie matière à traiter à travers l’opposition entre mercenaires et mafieux marseillais). Sans arme, ni haine, ni violence reste cependant une étonnante réflexion sur le spectacle, le désir de séduire et l’énergie nécessaire pour camoufler le vide dépressif derrière la comédie.
CC
Sans arme, ni haine, ni violence, de et avec Jean-Paul Rouve (Fr, 1h28) avec Gilles Lellouche, Alice Taglioni…

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 17 octobre 2023 L'édito du Petit Bulletin n°1221 du 18 octobre 2023.
Mercredi 6 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or "Anatomie d’une chute" et sans doute favorisé par la grève affectant...
Lundi 24 avril 2023 Le secteur culturel grenoblois s’empare, depuis peu mais à bras-le-corps, du sujet épineux de la transition écologique. Mobilité des publics, avion ou pas avion pour les tournées des artistes, viande ou pas viande au catering, bières locales ou pas...
Lundi 13 février 2023 Dans la catégorie humoriste nonchalant, on demande le pas encore trentenaire Paul Mirabel, drôle de Zèbre (c’est le nom de son spectacle) qui cartonne depuis (...)
Lundi 16 janvier 2023 Trois soirées électro à Grenoble pour faire bouger tes nuits : Ed Isar le 24 janvier à la Bobine, Umwelt le 27 janvier à l'Ampérage et une Semantica Records night le 28 janvier à la Belle Électrique.

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X