«Un artiste un peu ringard»

Entretien / Jean-Paul Rouve, auteur, acteur et réalisateur de «Sans arme, ni haine, ni violence». Propos recueillis par CC

Jean-Paul Rouve : Spaggiari était comme je l’ai décrit dans le film. Il est marrant, il veut faire le guignol, il veut qu’on parle de lui, il se comporte comme une vedette. Il n’y a que ça qui m’intéresse d’ailleurs ; le fait qu’il ait fait un casse, c’est accessoire.Vous le montrez comme un showman, mais vous filmez aussi le moment où il est à court de numéro…C’est un artiste un peu ringard, il aurait pu faire des sketchs au Don Camillo. Il est assez pathétique. Je voulais montrer la lumière, ce qu’il veut nous montrer de lui, quand il fait le malin ; la première fois où le personnage de Vincent le rencontre, on a l’impression qu’il récite ce qu’il dit, qu’il le fait pour chaque journaliste. C’est ce que l’on fait nous quand on fait de la promo, on répond vingt fois la même chose à vingt fois la même question. Mais je voulais aussi montrer les parts d’ombre, quand le rideau se ferme.Dans le film, vous caractérisez beaucoup la bande de Spaggiari, mais ça reste très en retrait dans l’histoire. Avez-vous coupé ces séquences au montage ?J’ai coupé le casse dans la salle des coffres. Il ne fallait jamais perdre de vue que c’était Spaggiari qui racontait, c’est une vision subjective où il garde sous silence les choses dont il ne veut pas trop parler. Il parle de sa bande de barbouzes, des Marseillais… Ils font un casse ensemble, il n’y a pas besoin d’en dire plus. On les voit arriver comme les 7 mercenaires ou les 12 salopards : c’est tout ce que je veux montrer d’eux.Dans le film, on a l’impression que la mise en scène passe un peu par l’écriture, à travers le jeu des références historiques, pas mal par votre jeu d’acteur, et beaucoup dans le fait d’oublier la présence de la caméra…C’est un mélange de tout ça… J’ai l’impression que la base, c’est raconter une histoire avec un point de vue et de bons acteurs. Tout le reste, notamment la réalisation, ce sont des conditions nécessaires mais pas suffisantes. J’ai souvent le sentiment qu’on cache un scénario pas assez travaillé sous une forme, en se disant «C’est tellement beau que ça passera…» En tant que spectateur, je ne vois que ça.

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