L'un contre l'autre

de Jan Bonny (All, 1h36) avec Matthias Brandt, Victoria Trauttmansdorff…

L’argument de L’un contre l’autre pourrait se résumer en une formule lapidaire : un flic est frappé par sa femme. Cette inversion des rôles de la violence domestique suffit à faire lever un sourcil d’intérêt, mais le film de Jan Bonny évite heureusement de donner des gages aux théories atroces d’un Éric Zemmour sur la perte de virilité masculine. Certes, son policier de héros n’a vraiment pas grand-chose pour lui : effacé devant ses collègues de travail (même devant son partenaire, pourtant très lâche lui aussi), fuyant les problèmes par une formule passe-partout («Ce n’est pas un drame») et se réfugiant dans un auto-apitoiement qui prend la forme d’une cabine de jeu vidéo.
Cependant, l’humiliation qu’il subit chez lui trouve un écho chez tous les autres personnages, à commencer par sa femme, qui cherche à conquérir l’estime de ses parents et de ses enfants, mais qui s’enfonce à chaque tentative. L’un contre l’autre dessine en fait une juxtaposition de solitudes qui ne trouvent comme manière d’en sortir que la violence physique. Au détour d’une scène surprenante où des flics répètent en chœur «1600 euros nets, vive la police allemande !», on se demande si ce mal-être n’est pas à chercher ailleurs, dans une société allemande pétrie de frustrations politiques…
Le film accumule les passages paroxystiques, mis en scène avec une froideur émotionnelle radicale (pas de musique, des décors déprimants, une lumière verdâtre) et produit un authentique malaise ; on peut en revanche lui reprocher une certaine insistance dans l’écriture, à travers des dialogues qui appuient les intentions du scénario et une surdramatisation des situations quotidiennes. Si Bonny semble libérer son spectateur et son personnage principal à la dernière séquence, rien ne nous dit que ce drame, qui a commencé bien avant la première bobine, ne trouve une résolution après l’image finale, forte, belle et mystérieuse.Christophe Chabert

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