Mur

Avant de se plonger dans la 8e édition du festival Regards Croisés consacrée à la notion de mur, le comité de lecture propose la découverte du documentaire de Simone Bitton, œuvre très personnelle et pacifiste sur ces murs de séparation érigés entre Israël et Palestine. SD

En dehors même des témoignages recueillis de part et d’autre des murs, c’est le mur lui-même qui bouleverse de prime abord. Des plaques de bétons que la réalisatrice filme longuement, avec patience et minutie. D’une manière générale, le propos est très libre, et loin de donner un avis tranché sur le conflit : on sent que la réalisatrice s’est laissée porter au gré des rencontres. Si bien que, quelques fois, on ne sait plus de quel côté on est, et qui parle. En juin 2002, le gouvernement d’Ariel Sharon adopte un plan visant à construire un mur comme «barrière de protection», en Cisjordanie. En juillet 2003, le gouvernement annonce l’achèvement de 145 kilomètres d'un premier tronçon. Un an plus tard (le 9 juillet 2004), après le tournage du film, ce mur a fait l’objet d’une condamnation vigoureuse par la Cour internationale de justice. Dès les première images, la réalisatrice juive et arabe – elle revendique totalement sa double culture - capte la construction. On entend en voix off des enfants israéliennes interrogées par la réalisatrice parlant des autres, les palestiniens, des arabes inconnus, mais dangereux. De là, la documentariste se déplace d’un côté et de l’autre du mur, écoutant, discutant avec israéliens et palestiniens qui finalement, d’un côté évoquent le gaspillage d’argent et l’inefficacité, et de l’autre, disent l’horreur quotidienne. Des deux côtésSeul personnage récurrent, le général Amos Yaron, directeur de cabinet au Ministère de la Défense, qui justifie la construction de ce mur, comme étant «la seule solution aux problèmes de sécurité en Israël». Projet très coûteux, puisque professionnel, il donne le prix «2 millions de dollars le kilomètre». Les images s’enchaînent. Scènes de tentatives de passages à un check-point et difficultés pour israéliens et palestiniens ; récits d’humiliations subis par les palestiniens, terres volées à certains villageois pour la construction ; sur les chantiers, les palestiniens construisent le mur qui va les enfermer. Le mur devient aussi le support d’expressions picturales. Il défigure le paysage, mais petit à petit, en fait partie, chacun doit vivre avec. L’enfermement est des deux côtés. Certains israéliens, sceptiques, doutent et souhaitent la paix, se battent pour elle. La réalisatrice capte des regards subjectifs, et laisse aussi les paysages parler. Les ouvriers et habitants doivent franchir des passages étroits pour circuler, les gens se parlent entre les murs, s’entraident… En effet, malgré tout, une humanité gagne un peu de terrain sur la barbarie. Simone Bitton, d’origine marocaine et juive, tente de partager la détresse qu’elle ressent, et laisse le spectateur libre de ses positions.Murde Simone Bitton (2004, Fr/Israël, 1h24) documentairejeu 15 mai à 18h30, à la Bibliothèque Municipale Centre Ville

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