Quelle nouvelle société ?

Depuis 2006, l’association Pulsart mène une action artistique auprès de jeunes de Bretagne, Ile de France et de Rhône-Alpes. A partir de leurs expressions, artistes professionnels et public créeront collectivement Viva Utopia !, à l’Espace 600. Entretien avec le Directeur de Pulsart, Maxime Apostolo. Propos recueillis par SD

Petit Bulletin : Comment avez-vous travaillé avec les jeunes ?
Maxime Apostolo : Le principe de Pulsart, est de l’action artistique en direction d’un public jeune plus ou moins en difficultés. A travers des ateliers artistiques, on a travaillé sur un texte de Thomas More, Utopie, sous l’angle du Bien, du Bon, et du Beau. Ceux directement confrontés aux disfonctionnements de notre société se sont exprimés. Leurs avis, sensations, pourraient avoir une importance dans l’élaboration d’une société de demain. Justement, quelle idée domine ?
Le point commun trouvé est la question de la norme. C’est-à-dire aujourd’hui, qui définit la norme. Devons-nous correspondre à cette norme ? Avons-nous le droit d’exister en dehors d’une norme définie par on ne sait qui ? L’idée d’être normal ou anormal, de la standardisation revient souvent.
D’ailleurs l’idée de cette norme est à rapprocher de l’idée du « bon sens » dont on entend parler sans cesse aujourd’hui. On veut nous faire croire qu’on n’est plus dans une réflexion politique ou idéologique, puisque de toute façon « tout est une question de bon sens »… Cette norme à laquelle on devrait adhérer est celle du « bon sens », au lieu du sens. Parce qu’elles viennent de problématiques sociales, culturelles, les interrogations qui émanent de l’ensemble des productions interrogent du coup le sens. Devons nous être tous pareils ? C’est une idée ancienne, c’est celle du clonage. Mais si nous sommes tous pareils, nous sommes morts. Cette prise de parole directe à travers des vecteurs artistiques vient interroger le vide abyssal des pensées politiques d’aujourd’hui. Viva Utopia peut se jouer dans les théâtres, mais aussi dans les assemblées d’élus. Je lance donc un appel aux collectivités territoriales. Nous voulons bien venir à eux.Comment va se construire la proposition artistique ?
A partir des productions, dix artistes travaillent ce matériau sous forme de performances, spectacle multimédia live, dijing avec une nouveauté : un travail d’interactivité avec le public. A ce titre, nous avions sollicité un dispositif au niveau du Ministère de la Culture qui s’appelle le Dicream (ndlr dispositif pour la création artistique multimédia), dans lequel nous pouvions nous insérer pour obtenir des soutiens financiers. La réponse négative que nous avons reçu a été justifiée par : « vous faites de l’action socio culturelle »…Viva Utopia ! le 30 mai à 19h30, Espace 600 (entrée libre)