Sex and the city

de Michael Patrick King (EU, 2h25) avec Sarah Jessica Parker, Kim Catrall, Cynthia Nixon…

Alors que l’on célèbre la reprise en main du romanesque par une poignée de cinéastes après des années de domination télévisuelle, la sortie de la version ciné de Sex and the city fait figure de fulgurant contre-exemple.
Le film est indescriptible de nullité, d’une mollesse cinématographique hallucinante (Michael Patrick King semble ne connaître que quatre valeurs de plan et travaille sa mise en scène comme s’il était encore dans une économie télé, voir ce très long travelling au supermarché qui n’a rien d’un plan-séquence altmanien !). Mais surtout, on n’y retrouve jamais le plaisir de la narration proliférante qui, même sur le format 26 minutes, travaillait chaque épisode de la série.
Le scénario est indigent, on peut y compter les péripéties sur les doigts d’une main, et l’enjeu dramatique rachitique (mariée ou pas mariée ?) occupe sans scrupule la colonne vertébrale de ces 145 minutes (un record pour une comédie !). Au feuilleton contemporain, avec ses codes et ses excès, se substitue une vaste régression vers le soap opéra façon Feux de l’amour, les dialogues percutants laissant la place à des conversations plates bourrées de clichés. Le pire étant que le film semble beaucoup plus conservateur et timoré que la série : la morale judéo-chrétienne y est toujours sauve, et les quelques saillies cul et trash sont dérisoires à l’heure des audaces provocatrices des frères Farrelly.
D’ailleurs, Sex and the city est comme le double inversé du génial Les Femmes de ses rêves : même argument de départ, même voyage au Mexique, même mélancolie sur le temps qui passe et les amours que l’on laisse passer. À ceci près que les frangins font entrer les douleurs de la réalité (de l’immigration clandestine aux mensonges que l’on s’invente pour continuer à vivre) dans leur romantisme tordu. Les quatre héroïnes de Sex and the city, à l’inverse, craignent par-dessus tout de se mouiller à ce réel-là, enfermées dans leur caricature et leur monde dérisoire. Ce sont les filles de Reagan idolâtrant Hillary Clinton, ou encore des spectatrices de la série qui auraient oublié d’en saisir l’ironie dévastatrice et n’y verraient qu’un défilé de mode regardé par ce qu’il faut bien appeler des beaufs féminins.CC

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