Mr. Tambourine Man

Bio / En quarante ans de vie musicale et autant d’albums, son œuvre constitue aujourd’hui un véritable regard sur les 4 dernières décennies. Artiste multi casquettes, il fut meneur malgré lui de la contre-culture d’une époque aujourd’hui révolue. Bob Dylan, actuellement en tournée en Europe, passera par Grenoble ce jeudi 19 juin. Retour sur une vie. Patrice COEYTAUX

Il est l’un des parrains du folk américain. À 67 ans, Robert Allen Zimmerman, mieux connu sous le pseudonyme Bob Dylan, est un chanteur-compositeur-poète-touche-à-tout qui a conquis pas moins de 4 générations entières. Né le 24 mai 1941 dans le Minnesota, il commence la musique dès l’âge de 8 ans et adopte ce nom de scène à l’aube de ses 20 ans. Rapidement repéré par John H. Hammond, directeur artistique du label Columbia, le jeune Dylan passe à la vitesse supérieure.
Après un premier album de reprises (c’est souvent le cas à l’époque), c’est en 1963 et avec The Freewheelin Bob Dylan qu’il connaît un succès immédiat et conséquent qui le catapulte directement parmi les plus grands. Le single Blowin’ In the Wind, vendu à 2 millions exemplaires, devient très vite l’hymne, anti-conservateur et protestataire, des divers mouvements pour les droits civiques Américains. On trouve dans The Freewheelin Bob Dylan des chansons intimistes aux textes engagés et empreints de poésie, qui révolutionnent alors le ton routinier du folk traditionnel américain. Des ballades écrites dans des climats de tension, comme A Hard Rain's A-Gonna Fall (au moment de la crise des missiles de Cuba) ou Oxford Town (écrite pour James Meredith, vétéran de l’US Air Force et premier noir à être accepté à l’Université du Mississipi, face à une discrimination encore fortement virulente).(R)Évolution Électrique
Dylan, dès ses débuts, ne s’est pas cantonné à mettre au point une recette toute prête, déclinable à loisir. Au contraire, il s’est essayé, a transformé sa musique au gré de ses envies, de son vécu et des époques, tout en conservant intacts cet univers et cette manière de chanter nasillarde et languissante qui font l’aura du grand Monsieur. Cette volonté de faire évoluer le répertoire musical n’est pas sans rappeler un autre monument, David « Cameleon Man » Bowie, ce dernier assumant complètement l’influence du chanteur folk sur son propre parcours. 1965, Dylan enregistre Bringing It All Back Home, un album à la fois acoustique et électrique, qui le déleste d’une partie des fans des premières heures. S’ensuit la même année son 6e album, Highway 61 Revisited, plus incisif, plus rock, qui poussera ce qui reste de son public au rejet. Un public qui ne comprend pas ce virage musical trop « radical » et qui en viendra même à siffler le chanteur lors de son passage houleux et court, -15 minutes-, au festival Folk de Newport. Highway 61 Revisited comprend neuf chansons dont Like a Rolling Stone et Desolation Row, deux titres relativement longs, 6 minutes pour le premier, plus de 11 pour le second, des durées totalement insolites et ambitieuses pour l’époque. Un album frais, dans lequel Dylan troque sa bonne vieille guitare acoustique contre une version électrifiée, testant, mélangeant et variant les sons, que ce soit au piano ou à l’orgue Hammond. Dylan ne joue plus seul sur scène à ce moment là, cassant ainsi le schéma classique des chanteurs folks traditionnellement en solo ou duo. Il clôt cette période Rock avec Blonde on Blonde, un double album enregistré en deux semaines (le premier véritable double album de l’histoire du Rock), hanté, mélange de surréalisme, de rêve et de faits réels. Mémoires d’une vie entière
La période 80s n’est pas une période faste pour le chanteur, comme pour la plupart des musiciens des 60s-70s. L’évolution numérique des sons ne faisant pas toujours bon ménage avec des chansons à dominante acoustique. Blues, Jazz, ode au christianisme, Dylan poursuit ensuite son parcours, enregistre des disques, enchaîne les tournées (à 60 ans passés, il fait toujours plus de 100 concerts par an). C’est seulement à partir de 1997 et avec le modeste et touchant Time Out of Mind qu’il recommence à retrouver le grand succès de ses débuts. Août 2006, Dylan sort son 32e album (sans compter les lives et autres compilations), Modern Times, qui atteint la première place du box-office américain, un titre qu’il n’avait pas décroché depuis 1976 et l’album Desire. Modern Times est un mélange de Blues et de Folk, où l’harmonica a laissé la place à des arrangements au violon ou à la guitare. Des ballades au piano et à la guitare électrique passant d’ambiances festives presque country, qui attestent un regain d’énergie chez le chanteur, à des atmosphères beaucoup plus soft où Dylan se transforme en véritable crooner, comme dans When The Deal Goes Down. La voix est certes fatiguée par le temps, mais le timbre demeure.
Depuis 40 ans, les disques de Bob Dylan ont toujours été le reflet de ce qu’est, ce que vit et éprouve le chanteur. Ces condensés d’impressions, ces chapitres musicaux, constituent aujourd’hui une autobiographie des plus complète et des plus éloquente, mais aussi une vision décalée sur l’histoire des États-Unis.Bob Dylanjeu 19 juin à 20h30 au Palais des Sports.

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