Courts et hybrides

Narkolepsy International short films festival rapproche clips, documentaires, films d’animations, fictions, une sélection de “films courts” internationaux aussi remuants que déroutants. Entretien avec Kimi Do, du comité de sélection. Propos recueillis par Séverine Delrieu

Petit Bulletin : C’est la 5e Edition de Narkolepsy. Pouvez-vous rappeler les types de courts-métrages réunis pour cette manifestation ?
Kimi Do :
Sur Grenoble il existe depuis 30 ans le Festival de courts-métrages de la Cinémathèque, une certaine sélection de courts-métrages plutôt français, ou de régions. Plus récemment, on a vu le Festival Une nuit trop courte organisé par l’école de commerce, des courts-métrages réalisés par des étudiants. Nous, pour Narkolepsy, on parcourt les festivals internationaux physiquement (on s’est notamment rendus aux festivals de Clermont-Ferrand, et Némo à Paris…), ou bien on prend connaissance sur Internet des programmes des différents festivals dans le monde, et on essaie de se procurer les films. On privilégie vraiment une programmation internationale.Sur quels critères sélectionnez-vous les films ?
On s’attache à l’originalité dans la manière de filmer, et de raconter les histoires. De plus en plus d’ailleurs, on s’ouvre à d’autres formes de narrations, on n’est pas uniquement sur le court-métrage. C’est pour cela que l’on préfère parler de “films courts” et non de “court-métrage”, terme qui nous semble trop connoté.En effet la programmation réunit clips, fictions, documentaires, films d’animation, films documentaires d’animations. Narkolepsy défend plus une esthétique plutôt qu’un type de format ?
Oui, le film court au sens large, c’est vraiment un terrain d’expérimentation immense. Souvent, ces films courts, innovants, deviennent des canons esthétiques dans la manière de filmer ou dans la technique utilisée. Aujourd’hui, ces techniques apparaissent dans la pub.
Par exemple la technique peinture / lumière est un phénomène que l’on a vu déjà il y a 5 ans. Aujourd’hui, cela devient la grande mode dans la pub, sur les affiches, alors que cela existe depuis longtemps. Les gens qui font des longs-métrages ont fait leurs expériences sur les petits films. C’est cela que l’on trouve intéressant dans le film court : une possibilité d’aborder la narration d’une manière décalée. On trouvait cela dommage de dire que le court-métrage est comme un long-métrage mais en plus court.Ces films courts sélectionnés requièrent une forme libre, autant au niveau de l’image que du propos…
Effectivement, c’est une réflexion sur l’image d’une manière générale et non pas sur l’image cinéma ; ou encore une réflexion sur l’évolution des images, sur comment montrer les images. Par exemple, lors de l’édition précédente, on a beaucoup projeté tout ce qui était détournements d’images. C’était pour nous représentatif de montrer cela, au moment de la généralisation du phénomène You Tube. On a montré des travaux de gens qui refaisaient des films à partir de films déjà existants. Je pense à cette histoire d’amour entre un homme et un requin, réalisée à partir d’extraits des Dents de la mer, sans aucun rajout d’images. Comment se déroulera la soirée du 27 juin ?
Cette année, nous allons passer en première partie une sélection des meilleurs films de l’année précédente. Puis la sélection 2008, les meilleurs films pour nous, sélectionnés d’une manière très subjective, seront projetés en deuxième partie, avec les films les plus gore, les plus durs en fin de dernière partie.Combien êtes-vous à visionner les films ?
Nous sommes 5. Nos goûts, nos personnalités sont très différents. Mais le point commun des films courts choisis est la manière décalée de raconter les histoires.Pourquoi le clip ?
Je me suis beaucoup investie dans le clip cette année. On projettera des clips de réalisateurs peu connus, d’artistes qui ont travaillé pour des groupes pas encore très connus non plus en France, mais qui le sont aux États-Unis ou en Angleterre. Souvent, les réalisateurs de clips réalisent aussi des courts-métrages ou des documentaires animés. Genre d’ailleurs très intéressant : comme c’est animé, on n’est plus dans cette problématique de savoir si c’est réel ou imaginé.Vous avez une vision d’ensemble de ce qui se fait à l’International. Y a-t-il des courants émergents, des points de convergences au niveau de l’esthétique ou d’éventuels messages communs ?
C’est difficile de déterminer une tendance, car à l’intérieur de ces films courts, beaucoup de genres co-habitent. Un court-métrage comme Spider n’a rien à voir avec un clip. Mais disons que ce que l’on voit ces dernières années, c’est une hybridation dans tout ce qui est clips, films d’expérimentations. Les réalisateurs mélangent 2D, 3D, de la photographie avec de l’animation. On constate l’existence de cette très intéressante transversalité. Et, en même temps que les techniques usitées sont pointues, elles se rapprochent du rudimentaire, c’est-à-dire que l’on trouve de la technique avec des bouts de papiers, des découpages. Le travail manuel se mélange avec la technique. Cette tendance-là se développe.Quel est l’esprit de la manifestation ?
Il est important pour nous que ce soit en plein air - toujours fabuleux le pop-corn -, gratuit et dans un esprit de partage. Les films choisis sont inédits en France. Nous allons les chercher, si bien que certains sont traduits par nos soins.Narkolepsy International short films festival#5, ven 27 juin à 21h, en plein air Musée de Grenoble, précédé à 18h30 d’un Apéro Sonorewww.narkolepsy.com

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