Respect

Depuis onze ans à la tête du Vertigo, Camille s’échine à insuffler à la nuit grenobloise le bon esprit qui y régnait du temps de ses premières sorties. Retour sur son parcours, au cœur d’une night ne demandant qu’à sortir de ses ornières. FC

Au cœur des années 80, Camille n’a pas attendu la fin du lycée pour commencer à se familiariser avec le milieu de la nuit grenobloise. Dès l’âge de seize ans, il écume le circuit des lieux où de son point de vue, la débauche noctambule revêtait une apparence plus tranquille. «Pour moi la nuit c’est avant tout une éducation. Avant pour sortir, on prenait le temps de se préparer, on allait dans des établissements où l’on avait du respect pour le lieu, pour les gens qui nous accueillaient. On s’amusait, on était content de pouvoir accéder à un endroit, de s’y sentir bien, d’y revenir». Camille goûte aux joies du Scotch, du Club des Etudiants, d’un Espace Drac Ouest plus réduit qu’aujourd’hui (et de ses soirées étudiantes au Magic System), L’Olympe 2000, de La Mare au Diable, du Star Night, du Game Show, s’en va même faire un tour au Flamand Rose. De 1919 à 1952, l’établissement se targuait d’être LA maison close de la Région, jusqu’à ce qu’évidemment la législation s’en mêle. Reconverti dès lors en cabaret, le lieu deviendra par la suite une boîte gay au mitan des années 80, avant de devenir une discothèque généraliste nommé La Fièvre (malheureusement sans trop de rapports avec le titre de NTM), et enfin de céder sa place, en 1997… à l’actuel Vertigo. Initiation
Son Bac en poche, Camille n’est pas encore fixé sur sa future carrière. Il s’acquitte de ses obligations militaires, part aux Etats-Unis suivre une première année d’études d’ingénieur en informatique, et revient finalement sur Grenoble. Ses affinités avec les tenants du milieu de la nuit le poussent, de fil en aiguille, à faire des premiers remplacements en discothèque. Ce qui n’était au départ que du dépannage et un moyen de terminer dans une bonne humeur financière sa maîtrise en ingénierie devient peu à peu une vocation. Parallèlement, le mouvement électro fait son apparition, et Camille, pour tout fan qu’il soit de Louis Armstrong, de jazz, de blues et de classique, suit son évolution avec intérêt. «Ma première soirée électro, c’était au tout début des années 90, au Drac Ouest, avec des DJs qui venaient de Lyon, et à l’after avec Laurent Garnier. J’ai continué à écouter cette musique avec passion, mais je précise, pour ceux qui malheureusement ont encore cette image-là du mouvement, que je faisais à l’époque du sport en haut niveau (du football américain), et que j’étais donc au-dessus de tout soupçon pour ce qui est des stupéfiants !». Dans la foulée, il se rend aux Arènes de Nîmes pour la soirée Boréalis, contrepoint fédérateur à la vision individualiste qu’on pouvait avoir du mouvement. Aujourd’hui âgé de 44 ans, Camille continue à apprécier l’électro, avec une préférence pour le son clubbing house. Action
Au milieu des années 90, Camille travaille en tant que directeur du Drac Ouest, où il fera une rencontre décisive en la personne de Jean-Marc, plus connu des habitués du Vertigo et plus globalement des amateurs de house sous le patronyme de Balazko. Le futur directeur artistique / résident du club du centre-ville parfait l’éducation électronique de Camille, et occupera de fait une place de choix au sein de sa future équipe. Camille prend ensuite la direction du bar Le Progrès place Notre Dame pendant un an et demi, et s’attache ensuite, avec son associé Alex, à créer LE lieu qui lui ressemble, un établissement dispensant le son électro qui lui correspond, où une équipe rôdée affres nocturnes garantiraient le respect mutuel cher à son futur patron. Après moult travaux, mise aux normes, insonorisation et autres démêlés administratifs rocambolesques, le Vertigo ouvre finalement ses portes le 20 juin 1997. «Quand on a ouvert, avec nos moyens du bord, les gens qui nous aimaient bien nous ont dit qu’on leur avait fait une belle salle des fêtes. C’était déjà gentil, vu le peu de moyens qu’on avait». Petit à petit, l’établissement s’est imposé, a calmé les défiances d’un voisinage encore échaudé par les nombreux écarts tapageurs des prédécesseurs. «Les touches personnelles, ce sont la sécurité, le bien-être, le respect, l’ambiance conviviale qu’on venait chercher dans les boîtes grenobloises des années 80, et qu’on voulait restaurer». Camille s’efface élégamment derrière le travail d’équipe pour expliquer la longévité du lieu, argue qu’il ne pourra jamais être totalement satisfait, tant la nuit est un domaine où l’on apprend en permanence. L’an dernier, il ouvrait également le Palazzo, établissement destiné à la clientèle trentenaire, qui prend lui aussi bien ses marques dans la nuit grenobloise

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