Classique, tendance muet

Portrait / David Fincher, réalisateur de Benjamin Button, adopte de plus en plus le «Eastwood style» face aux journalistes, résumable par : je fais ce que j’ai à faire. CC

À l’époque de Fight Club, David Fincher s’était battu comme un beau diable pour imposer à la Fox sa vision sans concession du roman de Chuck Palahniuk. Dix ans plus tard et malgré l’échec commercial aux Etats-Unis de Zodiac, sa crédibilité semble avoir atteint des sommets dans l’industrie hollywoodienne, au point de livrer aujourd’hui avec Benjamin Button un film audacieusement classique, long et lent, plutôt bizarre derrière ses apparences consensuelles. Devant le parterre de journalistes qui s’intéressent à autre chose qu’à la paternité de Brad Pitt, Fincher s’emploie à dédramatiser le challenge. Difficile à tourner, Benjamin Button ? «Nous avons eu cinq ans avant de tourner le film, cinq années de préparation. Du coup, ça n’a pas été si dur que ça de le réaliser.» Du même ordre : «Le gros du travail a été de réunir les personnes les plus à même de contribuer à la réussite du film». Bref, si Benjamin Button est ce qu’il est, c’est autant grâce à lui que grâce à l’équipe costumes ! De la nouvelle de Fitzgerrald qui a servi de base au scénario, Fincher fait peu de cas : «J’ai signé pour un scénario d’Éric Roth, et mon intervention s’est limité à réduire de 60 pages le script initial. J’ai lu la nouvelle en 2005, par simple curiosité.» Le cinéaste virtuose acceptera tout juste une petite entorse à cette langue de bois dont on ne sait si elle est feinte ou sincère : «Quand on lit le script, on essaye d’imaginer le film dans sa tête, puis on regarde ce que l’on peut faire avec le budget. C’est la différence entre le rêve et la réalité.» Mais à la question «À quoi ressemblera le cinéma dans vingt ans selon vous ?», Fincher répond : «Peut-être n’aurons-nous plus de question de pointage ou de maquillage… Tout se fera devant un écran vert en motion capture, on tournera les gros plans, les plans de coupe et les masters en même temps, et les films se feront en quinze jours.» Le rêve aura alors pris sa revanche sur la réalité.

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