(Re)construction

Interview / Il est le bassiste de (feu ?) Fugazi. Après des années de collaborations avec divers musiciens (dont John Frusciante de Red Hot Chili Peppers) et une dizaine de disques à son actif, Joseph « Joe » Lally s’est lancé en 2006 dans une carrière solo. Entretien avec ce musicien Underground pur jus à l’occasion de son passage à Grenoble. Patrice COEYTAUX

Petit Bulletin : Depuis 2003 et la "pause" de Fugazi, qu'avez-vous fait ?
Joe Lally : J’ai bougé de ci de là pour raisons familiales, à Los Angeles et à Portland. Durant cette période, mon premier album se construisait dans ma tête, petit à petit. J’ai joué avec divers musiciens, histoire de voir où ça pouvait me mener. Je suis retourné à Washington, j’ai commencé mes démos avec Jerry Busher. Puis j’ai tourné avec Don Zientara (des studios Ear Studios, celui qui a enregistré la plupart des disques de Fugazi). Mes concerts d’alors devaient être durs à regarder, car je n’étais pas habitué à chanter et c’est quelque chose qui m’effrayait. J’ai ensuite enregistré l’album et fait des concerts avec le percussionniste Jason Kourkounis. On a finalement réenregistré pas mal de chansons avec seulement ses percus et moi. C’est une période qui m’a permis de me focaliser sur les chansons qui me trottaient dans la tête depuis l’arrêt de Fugazi, et de savoir ce que je pouvais en faire.Votre premier album There to Here est sorti en 2006. Qu’est-ce qui vous a poussé à monter votre projet solo ?
C’est venu du besoin de jouer. Tout s’est construit petit à petit, comme je l’expliquais juste avant. J’étais d’accord pour que Fugazi s’arrête. Mais ne pas composer avec le groupe fut difficile au début. La musique me venait toujours, mais je ne retrouvais pas l’alchimie qui se crée dans un groupe dans lequel tu joues depuis longtemps, dans lequel tout le monde "se comprend". Je n’avais jamais composé seul, j’ai dû trouver ma voix, travailler mon chant. Et c’est alors que j’ai compris ce que je souhaitais faire ressortir d’une chanson. Dans un sens, ce premier album était une étape de travail, comme un questionnement sur ce qui fait réellement une chanson.Les photographies de votre compagne Antonia ont été une source d’inspiration pour vous…
J’étais avec Antonia lorsqu’elle a pris les photos qui ornent There To Here. J’étais entouré, cerné par ses photos pendant ma période de composition. Au bout d’un moment, j’ai réalisé qu’elles ont fait partie du processus de création de l’album. La collaboration a donc été naturelle. A côté de ça, j’aime le fait que ces photos ne portent aucun jugement sur ce qu’elles représentent. On retrouve dans vos disques la "patte" Joe Lally, qui transpirait déjà fortement dans Fugazi. Qu’en est-il de votre public aujourd’hui ?
Il y a des fans de Fugazi et d’Ataxia qui sont venus aux concerts, mais pas autant que lors des concerts de Fugazi. Petit à petit, un public s’est construit. Je fais aujourd’hui ce que je veux, de la manière qui me plait, donc je suis très satisfait. A côté de ça, ce n’est pas facile de faire venir les gens dans des endroits autres que des salles de concerts conventionnelles, et j’aimerais vraiment jouer dans des lieux atypiques, décalés. La musique peut véritablement être une expérience transcendantale lorsque le cadre s’y prête. En tout cas, c’est une chose que je ferai un jour.Dans vos chansons, il se dégage à la fois des atmosphères noisy, pesantes, et un sentiment d’apaisement. Un titre sonnera différent selon notre humeur au moment de l’écoute…
En effet, beaucoup de mes chansons sonnent calmes et apaisantes mais elles comportent quelque chose de noisy, de rude. Mon but, c’est de faire qu’une chanson soit lourde et puissante, sans avoir besoin de jouer à un volume trop fort. J’aime cette idée de contraste.Vous avez collaboré avec John Frusciante de Red Hot Chili Peppers au sein du groupe Ataxia. D’autres collaborations en vue ?
Si on regarde bien, j’ai toujours fait des disques et joué dans le cadre de collaborations. Par exemple, là, c’est la première fois que je tourne avec Elisa Abela et j’espère que ça lui convient, qu’on continuera à composer ensemble. En mars, je pars tourner en Australie sans elle, mais je pense qu’après cela, je ne jouerai plus sans elle. Pour Ataxia, le groupe s’est formé très naturellement. Sans projet défini. Un autre groupe comme celui-ci ne pourrait voir le jour que dans les mêmes circonstances.Y a-t-il une chance de revoir un jour Fugazi sur scène ?
Tout est possible.Joe Lally + 1e partie : Chick Peas
Mercredi 4 février à 20h, à Eve (Campus Universitaire)

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