Jazz, tout simplement

Encore une édition du Grenoble Jazz Festival. Faut-il s’avouer lassé pour autant ? Bien sûr que non, tant cette manifestation musicale phare de l’agglo a toujours à cœur de nous faire découvrir de nouvelles sensations artistiques, de croiser les esthétiques pour mieux les interroger. François Cau

Pour beaucoup (nous compris !), le jazz est ce vaste champ des possibles intimidant pour qui n’en est pas un exégète accompli. Une tour d’ivoire recelant, derrière ses moult mâchicoulis institutionnels bâtis au fil du temps, les clés de compréhension de toute la musique d’aujourd’hui, de ses origines contestataires à ses infinies déclinaisons contemporaines. Autant dire que s’attaquer à un tel sujet impressionne lourdement, en particulier lorsqu’on se confronte à l’érudition proprement hallucinante de Jacques Panisset, directeur du Grenoble Jazz Festival, sur le sujet – en un saisissant effet miroir, on réalise dès lors la perplexité qui doit frapper nos interlocuteurs quand on leur parle de cinéma coréen ou autres bollywooderies dont personne n’a jamais entendu parler... A une notable différence près : la conversation n’a pas lieu au beau milieu d’une soirée arrosée et n’a pas pour but d’épater artificiellement la galerie, mais a bien pour vocation de promouvoir une manifestation généreuse dans tous les sens du terme, tant dans sa diversité d’événements, de lieux, de rencontres et d’approches, que dans sa volonté inextinguible d’émulation culturelle tous azimuts.Pédagogie jazzy
Le propre du festival depuis sa création (en 1973, tout de même !) est en effet de s’adresser autant aux férus avides de découvrir les nouvelles sensations de demain, ou de savourer pour la première fois en live bon nombre d’artistes mythiques (avec notamment cette année les incontournables Erik Truffaz pour son projet Benares, croisement de ses obsessions musicales avec la musique indienne, la rencontre entre le percussionniste Daniel Humair et le pianiste Joachim Kühn, le Larry Carlton Trio, les circonvolutions pianotées aériennes de Brad Mehldau, sans oublier le tétanisant trompettiste Roy Hargrove, qui squatte notre Une d’un air si adorablement nonchalant), qu’aux novices complets de cette discipline musicale féconde. Pour ces derniers, l’une des meilleures clés d’entrée dans cette imposante galaxie sonore reste encore les rendez-vous A l’heure du déjeuner, dans des lieux (Bibliothèque Kateb Yacine, Forum FNAC, Auditorium du Musée de Grenoble…) à l’intimité stimulante pour les néophytes un minimum curieux, qui cette année devraient être particulièrement gâtés – ils pourront jouir dans ce cadre du jeu de doigts du guitariste Manu Codjia, du souffle puissant du tubiste François Thuillier, du groove paroxystique du combo joliment dénommé Jean-Louis, ou encore des “jeux de plages“ de Sébastien Llado (collaborateur de Magic Malik et Sébastien Tellier, dont le projet Machination ! se base sur la fusion sonore entre lutherie électronique… et coquillages). Au cœur des territoires
Comme si ça ne suffisait déjà pas, le Grenoble Jazz Festival propose en sus des Week-ends Jazz consacrés aux projets les plus atypiques de cette sélection 2009 (on vous conseille chaleureusement la savoureuse mise en musique de la nouvelle Billard Blues de Maxence Fermine, ou le projet du Kraah Zender Trio, voir encadré ci-contre), à déguster sans modération pour éclairer les fins de semaine difficiles. Enfin, on ne pouvait passer outre le versant Passages de L’Alpe du festival, croisement des représentants européens de l’arc alpin pour des projets artistiques se faisant les meilleurs représentants de la volonté d’émulation à tout crin de la manifestation – on y retiendra notamment la création A la conquête des cîmes, ciné-concert du groupe danois barré Das Kapital sur un documentaire improbable de 26 minutes évoquant l’ascension d’un pan du massif du Mont-Blanc. Vous l’aurez compris, le Grenoble Jazz Festival, sous couvert de ses propositions musicales pléthoriques, vous donne toutes les clés d’entrée dans cet univers musical aux multiples ramifications et à l’influence toujours aussi prégnante. Il ne reste plus qu’à vous abandonner au doucereux plaisir de la découverte. Grenoble Jazz Festival
Du 10 au 28 mars, lieux divers

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