La brise de la quarantaine

On prend le pari à la lumière des pépites sonores émaillant son dernier album, I feel cream : le live de Peaches à Woodstower devrait en électriser plus d’un(e). François Cau

A la grande époque du label Kitty Yo, de sympathiques trublions entreprennent de foutre de vigoureux coups de pieds au cul de la pop. Avec pour figure de proue le tonitruant Gonzales, de futurs grands noms comme Feist ou Mocky donnent dans le décalage, dans le télescopage tous azimuts de styles, nous enchantent au gré de performances lives foutraques, barrées, généreuses. Dans cette galaxie gravite également la dénommée Peaches – si elle surfe sur les mêmes esthétiques musicales, elle se construit néanmoins un personnage à même de faire passer les provocations de la bande à Gonzo pour de doucereuses bluettes post-adolescentes. Son credo réside en partie dans l’affichage d’une sexualité brandie agressivement, dans une lubricité revendicative et militante susceptible de terroriser toute une génération de gentils garçons hypocrites impressionnés par “la chose“. Des lyrics salaces, des compos qui vont font du rentre-dedans, des attitudes scéniques ouvertement sexuelles, le style Peaches fait indéniablement parler de lui et déstabilise : on est dans le cul, dans le libidineux, mais l’artiste ne fait pas la bimbo pour autant, non, son truc, c’est de prendre les devants, d’imposer ses envies, de se réapproprier les codes de la pseudo libération sexuelle pour en jouir comme elle l’entend. Et sans complexe
Forcément, à l’heure où l’on tente de nous faire revenir à la bonne vieille image du mâle dominateur et de la femme consentante, un tel vent de contestation lascive secoue, surtout quand il est porté par un hymne électroclash aussi monstrueux que Fuck the pain away. Après avoir sciemment joué de son ambiguïté sexuelle pendant un bon moment (l’apogée étant atteinte sur l’album Fatherfucker), Peaches se retrouve aujourd’hui à l’orée de la quarantaine, pas vraiment décidée à se laisser transformer en MILF pour coller à sa sulfureuse réputation. Pour son nouvel opus, I feel cream, dont le morceau éponyme reste un modèle d’érotisme brut de décoffrage, l’artiste s’est entourée de producteurs ayant eu l’intelligence de s’adapter à son style musical tout en l’élevant dans des volutes électroniques de haute volée. L’ambiance minimale de Simian Mobile Disco fait son effet sur Lose you et Billionaire, Soulwax offre son premier single à l’album (l’agressif Talk to me), Digitalism livre un tube aussi efficace qu’ironique avec l’incroyable Mommy Complex. Pour la première fois, Peaches a coécrit la quasi-totalité des morceaux avec son vieux camarade Gonzales – et I feel cream de s’imposer dès lors comme la révolution attendue par ses fans après un Impeach my Bush en demi-teinte.Peaches
Samedi 29 août, au festival Woodstower

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