Immersion cinématographique

La treizième édition du festival Ethnologie et cinéma ne se sera pas faite attendre en vain : les rencontres dispensent toujours autant de regards précieux sur le monde, de points de vue éclectiques, et surtout d’échanges sur les sujets abordés. FC

L’idée d’organiser un événement autour du cinéma dit ethnographique revient à un petit groupe d’enseignants-chercheurs grenoblois (qui n’ont pas tous disparu mystérieusement les uns après les autres, non - arrêtez de regarder des films d’horreur) dont le but originel était d’inciter leurs collègues des sciences sociales à exploiter plus efficacement les supports audiovisuels. Très vite, le projet a dépassé ce cadre professionnel pour entamer une mue pratique et réflexive sur le sujet : sous la double égide de la Maison des Sciences de L’Homme – Alpes et du Musée Dauphinois, les rencontres proposent donc depuis 1996 leur lot de films évoquant les cultures d’ailleurs, leurs spécificités, leurs singularités, mais se font surtout fort de prolonger la réflexion invariablement suscitée par les œuvres en s’interrogeant avec le public sur leurs partis pris, leurs façons de dispenser les informations, de les déformer parfois, bref, sur toutes les ambivalences de la captation du réel. Avec une volonté toujours prégnante d’ouvrir le public à la réflexion sur l’image, ses sens et ses interprétations, sans didactisme forcené mais avec au contraire la volonté de proposer d’autres pistes de compréhension, le festival s’est imposé au fil des années comme un événement cinématographique pour le moins précieux, autant pour sa programmation systématiquement pléthorique et riche en découvertes que pour son inclination à aller plus loin qu’une simple projection. Découvertes sonores
Ethnologie et cinéma ne dévie pas de son cap, et outre son changement de dates, poursuit sa noble mission dans un nombre conséquent de lieu (dont le 102, en parfaite symbiose avec les recherches menées par l’association résidente Gute Nacht sur les rapports à l’image). La programmation des films se divisent en cinq thématiques, avec une forte prédominance musicale (comme en témoigne notre sélection de films ci-contre) – l’ambition étant, dans les catégories Musiques : d’un territoire à l’autre et Musiques pour les morts, de dévoiler la place sociale et culturelle accordée à la pratique, notamment dans les rites funéraires. Les films regroupés dans la thématique Mémoire ouvrière se chargent de faire le lien avec l’exposition Être ouvrier en Isère présentée au Musée Dauphinois en élargissant son spectre ; la thématique Ethnopsychiatrie regroupe des œuvres évoquant les différents traitements et appréhensions des maladies mentales à travers le monde – on vous conseille particulièrement le stupéfiant Titicut Follies de Frederick Wiseman (photo), sur le quotidien d’un pénitencier psychiatrique du Massachussetts à la fin des années 60, œuvre phare du cinéma du réel dont la force lui valut d’être censuré pendant près de trente ans. Vastes tropiques
Enfin, le festival se penche sur le concept de Pensée sauvage développé par Claude Lévi-Strauss – qui oppose, rappelons-le, l’application par l’homme des sciences et connaissances nécessaires à sa survie à leur recontextualisation dans les logiques de productivité et de rendements du monde moderne. Ethnologie et cinéma a ainsi sélectionné des œuvres s’inspirant de ces travaux, des plongées au cœur de civilisations méconnues voire vouées à la disparition, avec une grande variété d’approches et de traitements. Le point d’orgue étant la projection de Claude Lévi-Strauss – auprès de l’Amazonie, documentaire qui revient, 70 ans plus tard, sur l’expédition fondatrice de la pensée du chercheur, en retrouvant notamment des intervenants de l’époque. Soit en définitive une programmation faisant la part belle à la pluralité de points de vue, dans la salutaire optique de ne pas considérer ses sujets comme des matières figées, mais bien comme des points de départ pour des réflexions plus poussées. Ethnologie et cinéma
Jusqu’au 17 octobre, lieux divers

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