Une autre année (de passée)

Bilan cinématographique 2010 : quelques grands noms ont tourné quelques grands films, beaucoup de nouveaux cinéastes ont fait une arrivée fracassante dans le paysage, les documentaires se portent bien et un succès commercial ne dit rien sur la qualité d’une œuvre. CC

Nolan, Fincher, Kechiche, Scorsese, Polanski, les frères Coen, Wes Anderson : les grands cinéastes se sont fait rares cette année sur les écrans, mais ils ont été fidèles à leur réputation, et c’est logiquement qu’on les retrouve chez nous, chez vous, ou de chaque côté du top. À l’exception peut-être d’Eastwood, dont le Invictus a divisé tout le monde, on peut dire que la logique de l’auteur international a été respectée, certains (Fincher et Nolan surtout) en ayant profité pour asseoir définitivement leur popularité. Mais 2010 aura aussi été une année de découvertes en tout genre. Les premiers pas de Chris Morris (We are four lions), Banksy (Faites le mur) et Sacha Gervasi (Anvil) sont autant de preuves que les films peuvent surgir de partout, d’un comique télé britannique, d’un street artiste ou d’un fan de métal canadien. Si l’Amérique a été moins dominante que d’ordinaire, la France a marqué des points, avec des francs-tireurs comme Gaspar Noé et son Enter the void, François Ozon avec Potiche, Abdellatif Kechiche et le terrible Vénus noire, ou Xavier Beauvois pour Des hommes et des dieux. Absente de notre classement, l’Asie est omniprésente dans votre top, et c’est là encore avec plaisir que nous découvrons votre enthousiasme pour Poetry, Oncle Boonmee (relatif, dans son cas, le film ayant aussi eu ses détracteurs) et The Housemaid. Dernier point à souligner, et c’est la vraie surprise de ses résultats : la santé inattendue du documentaire sur grand écran. Anvil, Faites le mur, mais aussi, car ils n’étaient pas loin dans nos tops respectifs, Inside job, When you’re strange, Benda Bilili, Draquila ou Les Rêves dansants, montrent l’intérêt pour un regard d’auteur sur le réel, à l’opposé de l’information télévisuelle impersonnelle et parfois faussement objective.Le public se rebelle
Quant aux ratés de l’année, ils témoignent d’un rejet massif de quelques très gros succès en salles. Il faut le dire : Les Petits mouchoirs de Guillaume Canet a emporté haut la main le titre de pire film de l’année — précision importante, il n’a été cité dans les meilleurs films que par un seul lecteur ! La propagande promotionnelle et l’insistance sur le soi-disant «plébiscite» du public autour de cet ersatz lamentable de film d’auteur peuvent aller se rhabiller. Les suites (Camping, Sex and the city), produits commerciaux cyniques (Adèle Blanc-Sec, Fatal) et films d’amateur plutôt que films d’auteur (Donzelli et Honoré, stars de notre flop), ils constituent un florilège représentatif du pire de 2010. La 3D aussi en prend pour son grade : Saw, Alice et Shrek n’auront pas dissimulé derrière leur coûteux effet de relief leur platitude cinématographique. C’est une leçon que beaucoup devraient méditer : les 50 000 spectateurs d’Enter the void ont visiblement été plus comblés que les millions de français qui ont rincé les mouchoirs de Canet ou astiqué les merveilles de Burton. Ce n’est pas du snobisme, juste l’envie de vivre au cinéma des émotions fortes et uniques, et pas une soupe surgelée sur laquelle on a collé l’étiquette «personnel». Et la preuve que la santé du cinéma naît de sa diversité, pas de l’unanimisme trompeur né d’une lecture hasardeuse du box-office.

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