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Adrien Durand : « Le milieu musical, je l'ai trouvé très conformiste finalement »
Par Hugo Verit
Publié Lundi 30 janvier 2023

Photo : Yann Le Flohic

L'histoire secrète de Kate Bush et l'art étrange d'écrire sur la pop
Le Ciel
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Lecture musicale / Critique musical, ex-musicien de rock underground et fondateur de l’exigeant fanzine "Le Gospel" ainsi que de la maison d’édition du même nom, Adrien Durand vient de signer la traduction d’une biographie de Kate Bush, inédite en français et épuisée depuis des années. Dans le cadre du festival Une Belle Saloperie, il est invité au Ciel pour une lecture musicale en compagnie de l’instrumentiste Ben Lupus.
Vous présentez, à l’occasion de votre venue au Ciel, un livre inédit en français, L’Histoire secrète de Kate Bush de Fred Vermorel, que vous avez traduit et publié au sein de votre maison d’édition Le Gospel. Qu’est-ce qui vous a plu dans cet ouvrage ?
à lire aussi : Une Belle Saloperie : un programme pas dégueulasse
C’est un livre qui parle de musique de façon totalement novatrice et assez expérimentale, avec une écriture très inventive, très audacieuse, mais qui reste accessible. L’auteur se met dans la peau du plus grand fan de Kate Bush et réalise une enquête presque généalogique qui va remonter jusqu’aux origines de la lignée qui lui a donné naissance, en interrogeant le folklore, le mysticisme qui entourent sa vie, son enfance, en essayant de comprendre d’où vient l’univers si particulier de cette chanteuse. Dans les années 80, elle fait office de contre-modèle par rapport à Madonna, Whitney Houston ou des pop stars un peu plus formatées. C’est aussi la première musicienne qui sera numéro 1 en étant compositrice de son morceau, qui va prendre les commandes dans le studio et inventer, en quelque sorte, la pop expérimentale. Et tout ça est mis en mots avec une langue très riche, ça se lit presque comme un roman et, par endroits, l’auteur apparaît. Ce que j’aime bien, c’est quand il y a une voix derrière le texte. Les bios un peu bêtes et méchantes, ça ne m’intéresse pas trop.
Justement, Kate Bush vient de renouer avec le succès auprès des plus jeunes générations suite à l’utilisation dans la série Stranger Things de son tube Running up that hill sorti en… 1985. Comment expliquer ce phénomène ?
Il y a d’abord un côté très atypique dans la voix et la musique de Kate Bush, et aussi un côté très épique qui, sur une séquence musicale très courte, agit comme un climax immédiatement. Ce qui correspond très bien à la façon dont les gens écoutent de la musique aujourd’hui, ils veulent un peu s’en prendre plein la gueule tout de suite. Et puis, grâce à la façon dont le morceau revient dans la série (il permet au personnage de la jeune fille d’échapper à une malédiction), celui-ci agit comme un refuge. Il y a quand même ce message un peu subliminal qui dit : « Si vous écoutez ce morceau, il va vous protéger. » D’autant que ces personnages sont un peu des outsiders, pas très bien acceptés, donc ça agit sur ces différents niveaux. Et puis Stranger Things, c’est l’objet audiovisuel idéal pour créer ça car c’est un format qui ne marche que sur la citation et la nostalgie.
La nostalgie, notamment musicale, serait-elle particulièrement plus présente à notre époque ?
Dans l’époque actuelle, tout ce qui est espace-temps a été un peu explosé par la culture digitale. Et c’est vrai que la musique du passé fait beaucoup office de refuge pour les jeunes générations. C’est comme un trésor caché que l’on retrouve, et qui est vachement plus rassurant que d’être dans la quête de nouveauté et de se dire, tous les vendredis, parmi les 300 000 albums qui sont mis en ligne sur Spotify : « Lequel je vais écouter ? »
Dans votre fanzine, qui s’appelle également Le Gospel, vous parlez de musique de façon originale en adoptant des angles sociétaux ou politiques…
Oui, à chaque numéro de la revue, on prend un thème et puis on essaie de tourner autour. L’idée c’est vraiment que la musique, comme le cinéma, la littérature ou les arts visuels, peut aussi être une fenêtre pour interroger le monde qui nous entoure. Si je devais définir la ligne éditoriale du Gospel, je dirais que c’est la subjectivité et une certaine prise de risque. J’encourage toujours les auteurs et les autrices qui collaborent avec nous à pouvoir mettre en avant leurs expériences personnelles. Je ne crois plus trop à cette vision du critique rock tout seul dans son bureau qui reçoit des disques, qui les écoute, qui va en festival se bourrer la gueule dans les carrés VIP et qui raconte, après, ce que c’est que la musique. J’ai l’impression que c’est plus intéressant d’avoir des gens qui sont liés aux musiciens, qui vont à des concerts, qui sont dans une posture créative, à qui il est arrivé des choses, à qui il arrivera encore des choses.
Toujours dans Le Gospel, ainsi que dans votre livre Je n’aime que la musique triste, vous racontez votre passé de musicien, de critique, d’organisateur de concerts, qui a bien roulé sa bosse dans le milieu de la musique en général, et le milieu underground en particulier. Il en ressort un certain désenchantement, avec cette impression que tout ce monde est voué à devenir "bourgeois". Qu’en pensez-vous ?
La principale déconvenue que j’ai éprouvée, notamment en commençant à travailler dans le milieu musical à Paris, ce n’est pas que les gens devenaient bourgeois, c’est qu’ils étaient déjà tous bourgeois ! Le monde était vraiment séparé entre les galériens au RSA qui lâchaient l’affaire au bout d’un moment parce que c’était trop dur, et puis de l’autre côté des gens, soutenus financièrement par leur famille, qui faisaient de la musique comme un hobby de luxe. Dans le milieu punk et DIY aussi, il y a toujours eu quelqu’un pour me faire de grandes leçons de vie, alors que ses parents étaient pharmaciens et qu’ils lui avaient acheté une ferme dans l’Aveyron pour faire son studio d’enregistrement. Le truc qui m’a pas mal poussé à renoncer à faire de la musique, c’est que j’avais un peu fait le tour de ce que je voulais faire et que je me suis rendu compte que, peu importe où l’on joue, à New York, à Berlin ou à Paris, les gens se ressemblent, ils parlent tous de la même chose… C’est un milieu que j’ai trouvé très conformiste finalement. C’est pas parce qu’on a un jean déchiré et qu’on se couche à 6h du mat’ qu’on est si anticonformiste. Mon point de vue, à travers mes articles, c’est pas de faire la leçon, c’est juste de dessiner un portrait de l’intérieur qui donne une image plus réaliste que ce truc complètement enchanteur qu’on peut mystifier de l’extérieur.
Une petite découverte musicale à conseiller avant de partir ?
J’ai beaucoup aimé le dernier album de Carla dal Forno, Come Around. C’est une chanteuse australienne, de la pop un peu réverbérée, un peu éthérée, très belle. Son disque est super !
L’Histoire secrète de Kate Bush (et l'art étrange d'écrire sur la pop) samedi 4 février au Ciel, prix libre
Une Belle Saloperie jusqu'au 4 février dans divers lieux de Grenoble
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