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Après avoir repoussé les barrières du jazz en solo ou au sein du quintet de Miles Davis et de Weather Report, le saxophoniste Wayne Shorter est récemment revenu à ses premières amours acoustiques, signe d’une carrière toute entière dévouée à une exploration outrancière des possibles.

Né en 1933 dans le New Jersey, Wayne Shorter ne découvre la musique que sur le tard, après des études aux Beaux Arts. Séduit par le sax ténor, ce surdoué ne mettra que quelques années à acquérir le jeu brillant qui fera sa légende et devenir professionnel. Il rejoint tout d’abord les Jazz Messengers d’Art Blakey en 59, puis cinq ans plus tard, participe aux côtés de Ron Carter, Tony Williams et Herbie Hancock au mythique quintet de Miles Davis. Après Coltrane et Canonball Adderley, Shorter s’impose rapidement auprès de Miles. D’ordinaire avare en compliments et toujours prompt à réécrire les compositions de ses sidemen, le maître lui laissait même une autonomie rare, disant de lui «Il n’y pas besoin de changer quoique ce soit dans la musique de Wayne. Tout y est». Tout en développant ses propres projets chez Blue Note, Shorter continua ainsi longtemps à travailler pour Miles, le suivant dans ses excursions électriques et adoptant même pour l’occasion, le saxophone soprano.Wayne’s worldEn fondant Weather Report avec Joe Zawinul au milieu des années 70, Shorter élargit encore considérablement son champ de vision musical pour jeter les bases du jazz fusion. Une démarche artistiquement et commercialement payante, qui va lui permettre pendant les deux décennies suivantes d’asseoir une réputation de guest bankable en multipliant crédits sur bandes originales de film et autres featurings démentiels (de Joni Michell à Carlos Santana). Dans le même temps, il endossera plusieurs fois le costume de sideman pour son ami Herbie Hancock, avec lequel il signe le splendide 1+1 en 97, son premier opus acoustique depuis 67. Le début d’une troisième vie musicale, marquée par l’enregistrement simultané d’un live et du bien nommé Alegria. Un album lumineux dans lequel le septuagénaire étonne par la clarté de propositions sereines et apaisées, désormais accompagné par une jeune section rythmique aussi fougueuse qu’impeccable : John Patitucci à la contrebasse et à la basse fretless, Brian Blade à la batterie et Danilo Perez qui céde sur trois morceaux son piano à Brad Meldhau. Alternant compositions jubilatoires (Sacajawea) intemporelles (Serenata) et reprises inspirées (Bachianas Brasiliras n°5, véritable pic d’émotion d’un album décidément très touchant), Shorter illumine l’ensemble de sa classe et de sa science des arrangements ciselés. Depuis, il ne cesse de le faire vivre sur les scènes du monde entier, acceptant au passage quelques prestations aux côtés de l’Orchestre national de Lyon. Moins une renaissance qu’une nouvelle naissance après quarante ans de carrière. Comme si c’est bien en tant qu’immense compositeur que Wayne Shorter se devait passer à la postérité. HGAWayne Shorter Quartetle 5 mars au Grand Angle dans le cadre du Grenoble Jazz Festival

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