Jazz chamanique

Interview Musique / Les sbires de la formation Johnny Staccato sont de retour cette semaine au Théâtre 145, bien décidés à transformer le lieu en Syncopated Club. Entretien à cette occasion avec Sergio Zamparo, membre du gang. Propos recueillis par François Cau

Petit Bulletin : Comment présenterais-tu le projet Johnny Staccato à ceux qui ne le connaissent pas ?
Sergio Zamparo : ça s’est formé il y a maintenant presque seize ans, donc c’est un groupe qui a eu une énorme évolution. Au départ, c’était vraiment parti sur un état d’esprit assez libre. Tous les musiciens ne sont pas des jazzmen, il y a différentes expériences qui viennent du rock, de la world, puis, enfin, du jazz. C’est un métissage qui s’exprime par le jazz. Ce qu’on revendique, c’est cette liberté contenue dans le genre, et à sa naissance : une musique liée à la contestation, à un aspect underground. On ne va pas vers le jazz d’aujourd’hui, plus classique, qui se joue dans les grandes salles de concert – attention, c’est très positif que ça arrive, mais nous on est plutôt à la recherche d’une autre forme. Après, on a évolué au fil des arrivées de musiciens. Quels sont les changements par rapport à vos précédents concerts ?
C’est la troisième année qu’on propose cette formule du Syncopated Club, comme les autres années on voulait quelque chose d’assez convivial, renouer avec ce que toi, d’ailleurs, t’avais vécu. Il y a cette fidélité très positive, le public revient et apprécie l’ambiance. Par rapport à l’an dernier où l’on avait deux groupes invités, il va seulement y avoir des guests qui vont participer pendant le concert. On sera vraiment dans l’univers Johnny Staccato, qui devient d’ailleurs, par rapport à la crise, de plus en plus sombre et psychédélique ! On va bientôt sortir un six titres qui s’appellera Comanche, en hommage aux indiens d’Amérique ; en tout cas, on veut ouvrir cette idée de jazz avec un côté chamanique. Notre aventure va plus vers les années 70, un jazz plus dans la recherche, moins classique entre guillemets que jusqu’à présent. On va quand même jouer des morceaux dans cet état d’esprit et après montrer ce nouveau travail, vers de la musique chamanique, du jazz années 70, de cette période où c’était très ouvert, où un morceau pouvait durer vingt minutes. Là on n’y est pas encore, mais l’objectif c’est ça, le prochain album n’aura que deux morceaux !Le groupe est passé par plusieurs étapes au niveau scénique, mais là vous semblez poursuivre dans la voie du cabaret, du club presque intimiste…
Oui, parce que ça colle particulièrement bien avec l’atmosphère musicale qu’on veut faire partager, ce côté un peu secret, un peu contrebande. Et ça nous permet aussi de souligner la contradiction de l’histoire du jazz, un genre qu’on a d’abord rattaché à des éléments plus interlopes, à des lieux tenus par des mafieux, et qui maintenant est enseigné dans des écoles spécialisées. Je ne donne pas le crédit aux bandits, je me demande juste si le jazz est réellement quelque chose qui peut s’apprendre dans le cadre d’études ou si ça naît de l’intérieur à travers son expression. Ça rejoint aussi mon choix de ne pas prendre que des jazzmen pour le groupe, pour voir comment faire résonner tout ça. On essaie d’aller à l’encontre du classicisme. La musique de Johnny Staccato repose justement sur sa liberté, sur ses nombreuses marges de manœuvre, n’est-ce pas un peu contradictoire de la fixer sur support CD ?
Oui, c’est certainement contradictoire. Mais ça fait partie du jeu, on a besoin de ce compromis pour faire vivre le projet, entamer nos démarches. Mais même dans ce cadre-là, on reste libres et indépendants : c’est de l’autoproduction totale, enregistrée dans les conditions du live. On n’a pas accouché d’un produit, on est restés fidèles à nos envies musicales. Johnny Staccato Band
Du jeudi 15 au samedi 17 janvier à 20h30
au Théâtre 145

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