Sans cris

Théâtre / Après une annonce plus que cavalière par la Ministre de la Culture du non-renouvellement du mandat de Georges Lavaudant à la direction de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, le metteur en scène repart sur les routes. Et revient en scènes grenobloises pour une création sobre, clinique, froide, retenant tout éclat de voix, en sourdine – et au fond aux antipodes des poncifs de la tragédie mythologique – d’après Les Trachiniennes de Sophocle. De cette première tragédie écrite par le grec, à la traduction très mélodique, il puise l’essentiel, soit quatre scènes resserrées, concises, denses, presque de longs monologues tendus et statiques, focalisant vers La Mort d’Hercule, où tout pathos semble banni. Héraklès (Hercule chez les latins) délaisse Déjanire, son épouse. Lichas, le messager revient avec Iole, une femme qu’Héraklès aime. Pour récupérer son mari, Déjanire lui fait porter une tunique censée être un filtre d’amour. Mais elle tue son époux. Leur fils, Hyllos, accable sa mère ; Heraklès exhorte son fils à épouser Iole, celle par qui le malheur arriva. Georges Lavaudant propose une juste vision d’un Héraklès dictateur, esclavagiste, dominateur, pervers et manipulateur – intensément joué par un André Wilms à la voix expressive et au timbre si particulier, comédien qui joue également Lichas. Les allusions multiples à la deuxième guerre mondiale renforcent ce partis-pris - bruits de voitures, train, uniforme, vieille télévision diffusant en continue des images en noir et blanc d’un chef d’Orchestre, une douche sous laquelle l’on meurt. Dans un décor en noir et blanc, Déjanire, femme blessée mais lisse, erratique, revêtant le masque de l’inexpressivité sous couvert de la raison, est campée par une élégante et fatale Astrid Bas. Le fils, pris dans une relation incestueuse, est l’objet manipulé, empêché par ses parents de toute émancipation. Ces complexes et passionnels liens familiaux se dénouent dans un sang qui coule en silence, sans bruits, ni cris. Une tragédie étouffée. SDLa Mort d’Hercule jusqu’au sam 15 déc, au Petit Théâtre de la MC2

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