De Martin McDonagh (Ang, 1h50) avec Colin Farrell, Woody Harrelson, Sam Rockwell, Christopher Walken...
Dans 7 psychopathes, Colin Farrell incarne un scénariste alcoolique, coincé sur un script intitulé 7 psychopathes. Du coup, il ne faut pas avoir fait de hautes études pour oser l'identification entre le personnage et l'auteur du film, Martin McDonagh — même si on ne sait rien de ses penchants pour la bibine. En revanche, quand on voit Farrell et son pote taré (Sam Rockwell, au-delà du cabot) devant un Kitano au cinoche, alors que le précédent film de McDonagh, Bons baisers de Bruges, se référait avec malice au Sonatine du maître Takeshi, il n'y a plus de doute sur le degré de mise en abyme.
Le problème, comme souvent dans ce genre de projets où l'écriture de la fiction et sa mise en scène à l'écran se fondent l'une dans l'autre, c'est de conserver une rigueur narrative là où le grand n'importe quoi est évidemment autorisé. Alors que McDonagh n'a même pas encore tiré le portrait des sept psychopathes du titre, le voilà déjà en train d'en fusionner deux en un, puis d'en faire le co-auteur de l'histoire des autres psychopathes...
Vous n'y comprenez rien ? Normal, le film cherche la confusion et broie dans son délire tous ses atouts, à commencer par un casting fantastique (notamment une fabuleuse composition de Christopher Walken, extrêmement touchant). Le cinéaste a beau déverser des hectolitres d'hémoglobine sur l'écran dans un esprit très bis, rien n'y fait : 7 psychopathes reste un film de scénariste bourré, devant et derrière la caméra.
Christophe Chabert