La rentrée cinéma, c'est aussi celle du cinéma de patrimoine. Et il y en a partout : à l'Institut Lumière, chez UGC, dans les salles du GRAC... Du rare, du classique, des incontournables : que du bon !Christophe Chabert
Qui dit cinéma de patrimoine dit la désormais incontournable Ciné-Collection, soit un classique qui circule chaque mois dans salles (indépendantes) du GRAC, à Lyon et dans l'agglomération. Joli programme, cette saison encore, d'un bel éclectisme, qui débutera avec La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock, qu'on ne présente plus — enfin, on le fera quand même la semaine prochaine ! et qui se poursuivra en octobre avec la grande redécouverte de l'été cinématographique : Seconds de John Frankenheimer. Film inouï, renversant, qui en 1966 passait au crible d'un thriller paranoïaque l'illusion de la deuxième chance américaine, miroir aux alouettes que le cinéaste transforme en cauchemar halluciné par une mise en scène multipliant les déformations d'image et les audaces graphiques — notamment une scène de bacchanales qui repousse les limites de la censure en matière de nudité.
Tout aussi essentiel, Johnny Got his Gun, seul film réalisé par le scénariste blacklisté Douglas Trumbo, prendra la suite en novembre, au pic des commémorations de la Première Guerre mondiale. C'est le contexte du film, mais son ambition est bien plus universelle et intemporelle ; à travers le calvaire d'un soldat revenu du front avec un trou à la place du visage, les jambes et les bras en moins, il interroge ce qui constitue l'individu, à savoir une conscience et une mémoire. Bouleversant, c'est peu de le dire.
Changement de registre en décembre avec l'excellent La Vie de château de Jean-Paul Rappeneau, merveille de comédie au rythme endiablé, sur un scénario signé Claude Sautet et Alain Cavalier — rien que ça ! et interprété par deux comédiens géniaux, Catherine Deneuve et Philippe Noiret.
Italia 70
UGC poursuit son cycle UGC culte cette saison, sur ses deux sites de Confluence et de la Cité Internationale. Les quatre premiers titres ont déjà été longuement évoqués dans nos colonnes — Phantom of the Paradise, La Porte du paradis, Les Moissons du ciel et Rosemary's Baby — mais comme ce sont quatre chefs-d'œuvre, un petit tour de plus sur les écrans ne leur fera pas de mal.
L'Institut Lumière rattaque quant à lui sa programmation avec un tir groupé autour du cinéma italien des années 70. Que du bonheur, avec notamment quelques incontournables de la comédie italienne — Parfum de femme, Affreux, sales et méchants, Nous nous sommes tant aimés, Mes chers amis, L'Argent de la vieille — et des raretés comme Dernier amour de Dino Risi ou Le Grand Embouteillage de Comencini. Mais on conseillera par-dessus tout les deux films de ce grand marxiste d'Elio Petri, le rageur et fulgurant La Classe ouvrière va au paradis et le plus méconnu (mais tout aussi frondeur) La Propriété c'est plus le vol. Et là aussi, il y a de fortes chances qu'on vous en reparle dans les semaines à venir...