Attention, nuage de petits génies au Café du Rhône. On ne présente plus ici François Virot, multi-activiste d'une scène qu'on n'oserait qualifier d'indé locale, puisque François est bien plus qu'indé et un peu plus que local, mais c'est l'idée. Quant à Odessey & Oracle, ce fut fait il y a quelques mois à la sortie de leur invraisemblable tirage épo(p)nyme. On nous rétorquera que Julien Gasc aussi, puisqu'on vous l'avait introduit à l'occasion de Plug & Play, le petit raout cosmique du Kraspek. Mais ce fut par trop chiche.
Depuis l'an dernier, Gasc se balade avec un drôle de truc baptisé Cerf, biche et faon. Ce truc étant un disque qui achève de polir sa déjà belle réputation dans les milieux autorisés. Son style, c'est autre chose, de proprement insaisissable. Majesté du cerf, grâce bondissante de la biche et maladresse espiègle du faon, Gasc c'est tout cela. A la fois Tellier lo-fi pas fatigué (ni surtout fatigant), Daniel Johnston lettré, Katerine des bois, Stereolab propulsé à l'éco-carburant.
L'avantage de l'approche lo-fi, authentiquement low profile puisqu'on trouve peu d'exemples d'albums de pop progressive enregistrés sur 4-pistes cassette, c'est que Gasc peut passer du baroque à la pop 60's ou du punk au tropicalisme. Non pas sans coutures apparentes, mais en faisant au contraire en sorte que celles-ci soient un élément à part entière de la frusque. Mieux : que cette frusque ne soit qu'une grosse couture qui tient tout ensemble et qui, lorsqu'elle lâche, ouvre le cœur.
Stéphane Duchêne
Julien Gasc [+ François Virot + Odessey & Oracle]
Au Café du Rhône jeudi 23 avril