Hasta siempre / Pour sa 41ᵉ édition, le festival phare du Zola nous immerge au cœur des tourments et lueurs d'espoir d'un continent plus que jamais en proie à la remise en question.
Après avoir fêté leur quarantième anniversaire en 2024, Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain reviennent avec une 41ᵉ édition exceptionnellement plus courte. Pensée comme une année de transition visant à ouvrir de nouveaux horizons, l'événement s'étendra sur cinq jours pour un total de dix-huit séances. La manifestation inclut également plusieurs événements annexes avant, pendant et après.
Je suis toujours là
Dans une période où l'Amérique du Sud est plus que jamais en proie à ses démons et voit resurgir les idées et les fantômes d'époques que l'on croyait révolues, les Reflets se posent en état des lieux de ce monde. Le festival se positionne du côté des luttes à mener intensément, plutôt que du côté de la tentation à céder aux sirènes du fatalisme et de s'acclimater à des changements mortifères. Dans cette nouvelle mouture, le Mexique, l'Argentine et le Brésil sont les pays les plus représentés à l'intérieur d'une sélection mêlant avant-premières, inédits et reprises.
Simón de la montaña, première réalisation de l'Argentin Federico Luis, présentée à la Semaine de la critique marquera l'ouverture du festival. Coming of age, tragédie, chronique : ce long-métrage mélange les genres et déstabilise. Il révèle un acteur à suivre, Lorenzo Ferro, aperçu dans Narcos : Mexico. Autre avant-première attendue, Mexico 86 de César Díaz avec Bérénice Béjo, dans lequel elle campe une militante révolutionnaire, mère d'un enfant de dix ans, exilée au Mexique en proie à un dilemme crucial : choisir entre son devoir maternel ou l'activisme.
La dérive des continents
L'Évangile de la révolution, documentaire signé François-Xavier Drouet, s'intéresse aux hommes et femmes de foi qui se sont engagés durant les différentes révolutions du XXᵉ siècle. Un sujet sensible et peu traité qui promet de revenir sur tout un pan méconnu des histoires sud-américaines. Toujours du côté religieux mais dans un autre registre, Transmitzvah de Daniel Burman suit le retour dans son Argentine natale d'une jeune chanteuse trans. Ses retrouvailles avec sa famille juive traditionaliste ne seront pas de tout repos.
Parmi les moments forts du festival, Brujeria, film chilien mêlant vengeance et rituels ancestraux est susceptible de satisfaire les amateurs de cinéma de genre. Autre étrangeté, la reprise de Pepe de Nelson Carlo de Los Santos sortie discrètement en fin d'année dernière. Ours D'argent à la Berlinale 2024, il observe les aventures d'un hippopotame tiré de sa Namibie natale pour rejoindre la ferme du dangereux Pablo Escobar. Reprise ou plutôt continuation (sortie nationale le 12 mars), L'âge imminent du collectif Col·lectiu Vigília, chronique espagnole atmosphérique et sensible.
Au programme, citons également des échanges avec les cinéastes invités, parmi lesquels François-Xavier Drouet, Mónica Taboada Tapia (Alma del Desierto) et Anna Recalde (De la guerre froide à la guerre verte), ainsi qu'une exposition photographique du collectif chilien MIRAM au Kotopo du 18 mars au 1er avril 2025. À noter qu'en amont, le samedi 22 mars, le co-réalisateur de Marco, l'énigme d'une vie, Jon Garaño viendra présenter son long-métrage au Zola dans le cadre d'Autour des Reflets.
Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain
Du 26 au 30 mars 2025 au cinéma Le Zola