Kafka sur le rivage

par
Mercredi 15 février 2006

Haruki Murakami(Belfond)

En 2002, l'Ă©crivain japonais publiait un court roman dont le titre disait beaucoup de son univers littĂ©raire : Au sud de la frontière, Ă  l'ouest du soleil. De frontières, il est toujours question dans l'œuvre d'Haruki Murakami. Entre l'onirisme et la rĂ©alitĂ©, la rĂ©alitĂ© et sa reprĂ©sentation, l'intĂ©rioritĂ© et l'extĂ©rioritĂ©, le corps et l'esprit, le conscient et le subconscient, la vie et la mort. Ses romans, Ă  mi-chemin entre rĂ©alisme, fantastique et poĂ©sie pure exhalent un climat unique, dĂ©routant, Ă©nigmatique et envoĂ»tant. Kafka sur le rivage n'Ă©chappe pas Ă  cette règle (d'or), puisque l'ensemble de ce roman est constituĂ© de deux courants principaux, de deux mondes parallèles. D'une part, celui de Kafka, dont l'histoire est contĂ© Ă  la première personne, qui fuit sa famille pour tenter d'Ă©chapper Ă  une funeste prophĂ©tie paternelle. Son histoire bascule lorsqu'Ă  la suite d'un Ă©vanouissement, il se retrouve dans une forĂŞt, maculĂ© de sang. De l'autre, celui de Nakata, un vieillard idiot et amnĂ©sique, dont l'une des facultĂ©s est de parler aux chats. On reste durant tout le rĂ©cit sur le fil fragile de ces deux histoires aux tons très diffĂ©rents, l'une grave, l'autre loufoque avec l'impression de ne pas tout comprendre, mais de tout ressentir. C'est la force de l'Ă©criture instinctive et ensorcelante d'Haruki Murakami, auteur (faut-il le rappeler) de l'irremplaçable Ballade de l'impossible il y a plus de vingt ans. YN