Rencontre / On connaît surtout Pierre Jourde pour La Littérature sans estomac, son (génial) pamphlet contre les vendeurs de best-sellers français, leur inanité artistique, leurs connivences honteusement complaisantes avec les milieux de l’édition et de la presse littéraire. D’autant que le bonhomme a poursuivi le jeu de massacre avec Petit Déjeuner chez Tyrannie et l’hilarant Jourde et Naulleau, tous deux coécrits avec l’éditeur (devenu entretemps chroniqueur star) Eric Naulleau. Resté plus discret que son comparse – en même temps, ce n’est pas dur… -, Pierre Jourde a poursuivi sa carrière en kamikaze, après s’être mis à dos la quasi-totalité du monde littéraire parisien. On entendit brièvement reparlé de lui à propos de la polémique stérile autour de son roman Pays perdu (une forme d’hommage très distancié à son village natal ayant déclenché les foudres des habitants), dont les médias se sont immédiatement emparés, trop heureux de se venger du donneur de leçons si amères. On a malheureusement oublié que derrière l’aspect frondeur se cachait l’un des meilleurs auteurs français en activité, ni plus ni moins. Ce que confirmeront sans peine l’excellent Festins secrets, refonte sans concessions de l’Education à la française, l’hautement jouissif La Cantatrice avariée, ou encore son petit dernier, qu’il viendra défendre cette semaine à la Bibliothèque Centre-ville, Paradis noir. Derrière cette quête d’un camarade de classe au destin mystérieux, Pierre Jourde fait une nouvelle fois preuve d’un brio littéraire inouï, d’un style aussi exigeant qu’abordable, d’un regard précieux sur les errances idéologiques de notre temps et leurs multiples détournements. Don’t believe the hype, foncez acheter tous ses livres…FCPierre JourdeVendredi 12 juin à 18h, à la Bibliothèque Centre-ville
