Tu es le père

Regard / Paul Thomas Anderson n’aura eu de cesse de bousculer la sacro-sainte figure paternelle, matrice mouvante de tous les dérèglements (familiaux, mais aussi sociaux et politiques) en cours aujourd’hui. Retour sur un élément clé de son cinéma, dont Daniel Plainview, le héros de There will be blood, se fait la saisissante incarnation. FC

SYDNEY (HARD EIGHT)John a désespérément besoin d’argent pour payer l’enterrement de sa mère. Un mystérieux sexagénaire providentiel, prénommé Sydney, lui paie une clope et un café, avant de le prendre sous son aile, d’en faire un flambeur émérite de Vegas. Sydney le protègera jusqu’au bout, avant que ne tombe une sinistre révélation : il n’est autre que le meurtrier du père de John. JACK HORNER (BOOGIE NIGHTS)Incapable de trouver du boulot, gigolo occasionnel doté d’attributs masculins hors normes, Eddie Adams fait le désespoir de ses parents. Sa rencontre avec le réalisateur pornographique Jack Horner change sa vie : grâce à ce singulier Pygmalion, il devient Dirk Diggler, hardeur vedette des seventies. Les excès interlopes de la star finiront par avoir raison de la “famille” recomposée constituée sur les plateaux, et précipiteront la déchéance de chacun.EARL PARTRIDGE / JIMMY GATOR (MAGNOLIA)L’heure est à l’abandon et aux dénis. Jimmy Gator, animateur de jeu télé sur le retour, voit sa santé et sa conscience le rattraper. Sa fille, junkie hystérique, est marquée à jamais par l’odieux écart de son paternel sur sa personne lorsqu’elle était adolescente. Frank T. J. Mackey, autoproclamé gourou du sexe et de la virilité, a dû quant à lui s’occuper de sa mère mourante à l’âge de 14 ans, quand son producteur de père a décidé en âme et conscience de les abandonner. Quand ce dernier, Earl Partridge, le convoque sur son lit de mort, Paul Thomas Anderson livre la scène la plus emblématique de cette obsession lancinante : en larmes, le fils finit par lâcher un “I hate you” (je te hais) sur le ton de “I love you”. PUNCH-DRUNK LOVESeul film de Paul Thomas Anderson où le père est totalement absent : son héros, Barry Egan, vit depuis son plus jeune âge dans un environnement exclusivement féminin, composé de sa mère et de ses sept sœurs. Il vit totalement replié sur lui-même, incapable de nouer une relation, jusqu’à ce que l’amour finisse par le transformer. S’il s’agit du film le plus lumineux de son auteur, c’est également celui où le héros est le plus sclérosé…

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