Joyeux anniversaire ?

Actualité / Début février, le Summum a eu vingt ans. Son directeur Dominique Mouraille revient sur ces deux décennies d’activité, et sur un avenir incertain, pour dire les choses poliment. Propos recueillis par François Cau

Comment s’est opéré à l’époque le choix d’une salle de cette envergure ?Dominique Mouraille : C’était au moment du grand programme Zéniths de Jack Lang, des premières grandes salles politiques. D’après ce que j’ai pu comprendre, il y a eu une sorte d’affrontement politique entre la municipalité d’alors et monsieur Lang sur la taille de l’établissement. L’aspect économique est également rentré en ligne de compte, puisque le bâtiment a récupéré une partie d’Alpexpo pour faciliter la construction, au lieu de faire quatre murs on en a fait deux, et on a fait rentrer dans cette petite chose 3000 places assises. Je ne suis pas sûr qu’il y ait eu beaucoup de travail fait en amont sur cette salle. Je ne suis arrivé qu’en 1989, un an et demie à peine après la construction, mais déjà à l’époque le directeur parlait d’agrandissement.Le lieu a quand même trouvé et conservé sa place dans le paysage local…Depuis deux trois ans, c’est beaucoup plus difficile. Les gros spectacles n’y rentrent plus, on manque de hauteur sur la scène et surtout de places. Encore une fois, le lieu n’a sûrement pas été assez bien pensé au départ, et économiquement, on est arrivé à le faire vivre jusqu’à présent avec les sociétés privées, avec les producteurs locaux comme RPO. Mais quand je suis arrivé, par exemple, il n’y avait même pas de bureau, on se mettait dans les loges puis tous dans le même bureau les jours de concert.Il y a eu quelques années en arrière la volonté d’y créer une sorte de fonctionnement dans l’esprit de la Coopérative de Mai, avec la grande salle et une configuration club plus réduite et plus accessible…On a tenté ça pendant deux ans, on se disait que les grosses machines pouvaient nous payer ça, on voulait accueillir par exemple des groupes locaux en résidence, avec deux jours de formation, l’installation, la préparation d’un show, et on finissait sur un concert à un prix abordable. On a bénéficié d’une aide du département, qui s’est terminée sans explications, et l’investissement technique a fini par nous briser le dos. Au bout d’un moment, je n’ai plus pu justifier les dépenses au Conseil d’Administration.Où sont passés les 50 000 spectateurs que le Summum a perdu en dix ans ?Pour que les gens voient plus de spectacles vivants, il serait intéressant de se pencher sur la l’aspect économique. Aujourd’hui, la moyenne des places au Summum est à minimum 30 euros, ça ne pourra pas durer. Tout le monde est impliqué là-dedans, on parle des producteurs, mais il ne faut pas que les artistes se disent que ce qu’ils perdent avec leur maison de disque, ils vont le regagner avec les lives. Est-ce qu’il n’y a pas aussi une tendance à la mégalomanie dans les shows, où effectivement l’apparat technique fait son petit effet, au détriment du reste.L’une des urgences culturelles de l’agglo selon les candidats grenoblois aux municipales est la création d’un Zénith…Il est nécessaire d’avoir une grande salle de spectacle, comme d’une salle de musique actuelle de 800 places – je dis ça tout en sachant que ces projets vont influer sur la fréquentation du Summum. Maintenant, faut pas se mentir, le projet est surtout réclamé par les professionnels de la profession. On ne va pas me faire croire que les grenoblois veulent un Zénith.

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