Pour sa nouvelle exposition, le Centre d’Art de la Bastille aborde le thème de la fragilité à travers des œuvres contemporaines, observées sous divers angles : la nature même des œuvres, leur matière, leur sujet ou encore les sensations éprouvées lors de leur confrontation avec le spectateur. Neuf artistes ont investi le lieu en exposant chacun une pièce. Le visiteur y trouvera de la sculpture avec Hors jeu, un jeu de quilles en verre soufflé, qui illustre la fragilité de la matière utilisée, frêle par contraste avec la robustesse plastique habituelle de ces objets presque indestructibles. De la photographie aussi avec Sans-titre (Objets cassés) n°1, cliché d’une assiette qui se brise, immortalisation d’un objet en plein mouvement, qui représente la faiblesse de la création elle-même, son utopique reproduction. Il s’agit ici aussi de la fragilité du temps, comme dans Sans titre (La fontaine de la bonne volonté), où l’artiste a utilisé des matériaux périssables qui font de cette installation une œuvre éphémère et évolutive, progressant petit à petit dans le temps. Dans la vidéo 10-Second Couples, où des couples se forment pendant dix secondes puis se séparent, on assiste à la vulnérabilité de la rencontre, à la faiblesse du couple. La structure True Love (Drosophila melanogaster/Dionaea muscipula) met en évidence la précarité d’un écosystème simple, fait de deux bouteilles plastiques reliées par un tuyau, dont l’une contient un élevage de mouches et l’autre une culture de plantes carnivores. Les œuvres présentées dans le cadre de cette exposition ont toutes été réalisées à partir d’autres concepts, et Fragile permet aujourd’hui d’en faire une lecture décalée, élevant le C.A.B. au rang de véritable laboratoire de l’art.
Patrice CoeytauxFragile
du 20 sept au 9 nov au C.A.B. (Centre d’Art de la Bastille)
