Un rendez-vous crucial doit avoir lieu vendredi pour l'association MixLab : l'actuel gestionnaire de la Belle Électrique attend des explications sur l'intention de la Ville de confier les commandes de l'établissement à une Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC). Un projet qui pourrait être porté devant le conseil municipal dès lundi prochain, 14 décembre.
Elle avait commencé à parler de ses futurs concerts avec prudence, en confirmant les dates de report de certains artistes initialement programmés cette année. Il faut bien reconnaître qu'au fil de ces annonces rassurantes, on ne s'inquiétait plus trop du sort de la Belle Électrique. On nous avait assuré qu'il n'y avait pas forcément de quoi, puisque la délégation de service public confiée à l'association MixLab avait même été prolongée jusqu'à fin 2021. Autant dire que le communiqué parvenu à notre rédaction en début de semaine a eu l'effet d'une douche froide. Son titre : « Le projet de la Belle Électrique doit-il disparaître ? ». Suivent deux pages d'explication pour aboutir à ce triste constat : « Dans un contexte sanitaire incertain, la Ville de Grenoble semble vouloir changer de modèle d'exploitation. »
MixLab estime pourtant que, le 14 février dernier, au cours d'une réunion, elle avait « entièrement répondu aux demandes et attentes de la Ville exprimées dans le cahier des charges (...) et remis une offre ajustée. » Ses activités devaient donc se poursuivre sur cette base. Pourtant, le 27 octobre, l'association a été informée que la procédure de délégation de service public serait déclarée infructueuse. Après avoir accusé le coup, l'association a demandé un rendez-vous le 10 novembre et l'a donc obtenu ce vendredi, 11 décembre, pour obtenir des explications.
Des conséquences incertaines
Qu'adviendra-t-il exactement si la Belle Électrique était désormais confiée à une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) ? Il est trop tôt pour le dire, mais on comprend bien sûr que les 23 salariés de la structure, son conseil d'administration, les nombreux intermittents qui y travaillent et ses bénévoles se posent la question, a fortiori dans le contexte ultra-tendu de la crise sanitaire. MixLab, qui est encore en piste, adopte pour l'heure une position ouverte à l'égard de la municipalité, sans être hostile à l'idée d'une nouvelle forme de coopération. L'important pour les administrateurs reste que le projet initial demeure, dans le juste équilibre des différentes missions : accompagnement des pratiques, actions culturelles et diffusion. Dans ce cadre, le conseil d'administration n'est pas opposé à s'ouvrir davantage à ses usagers et partenaires.
Autre enjeu : le label de Scène de musiques actuelles (SMAC), que la salle espère obtenir depuis longtemps. D'aucuns suggèrent que ce serait plus facile si elle était gérée par une société. La question pourrait dès lors revenir sur le tapis au cours des discussions à venir. Quoi qu'il en soit, et en attendant d'en savoir plus, le conseil d'administration tire un bilan enthousiaste des années écoulées depuis l'inauguration. Chiffres à l'appui. Sur la période 2015-2019, la Belle Électrique a connu 431 concerts – dont deux tiers organisés par MixLab, reçu plus de 342 000 spectateurs et assuré un taux de remplissage moyen de 75%. Les formations locales, elles, ont représenté un bon quart des artistes invités. Même le coronavirus n'est pas venu à bout de cette activité importante : deux séries de concerts en plein air ont pu être organisées en juillet et septembre derniers, sous la forme de guinguettes gratuites, qui ont rencontré un succès indéniable. On a donc constaté plusieurs fois que l'équipe de Mixlab, acteur emblématique de la vie culturelle grenobloise, a souvent su s'adapter à une situation changeante : on espère donc qu'elle aura l'occasion de continuer !