Pas de surprise au conseil municipal de Grenoble : malgré une opposition unanime pour la dénoncer, la délibération qui déclare infructueuse la procédure de renouvellement de la concession de service public de la Belle Électrique a été votée mardi 14 décembre. MixLab, l'association gestionnaire, ne serait toutefois pas hors-jeu. À suivre...
La vie publique a parfois des allures de marathon. C'est ainsi qu'au total, 113 délibérations étaient inscrites à l'ordre du jour du conseil municipal de Grenoble mardi 14 décembre. Organisés en visioconférence, les débats ont démarré à 15h tapantes et se sont prolongés jusque tard dans la nuit. Il était déjà 22h30 quand le maire Éric Piolle a ouvert la discussion sur la délibération numéro 67, consacrée à l'avenir de la Belle Électrique. Il est apparu que, contrairement à ce que nous avions envisagé au début de cette semaine, la municipalité n'a pas souhaité faire entériner immédiatement le principe de la constitution d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), chargée d'assurer la gestion quotidienne de l'établissement. Ce choix devrait être débattu lors d'un futur conseil, début février prochain. Il s'est d'abord agi de confirmer que la procédure de renouvellement de la concession de service public était infructueuse. Et ce malgré l'assurance donnée à MixLab, l'association gestionnaire, que ce mode de fonctionnement serait encore de mise jusqu'à fin 2021 (lire nos articles précédents).
« Sans concertation » ?
De quoi susciter la colère froide des élus d'opposition. « Cette délibération s'inscrit dans la droite ligne de votre politique culturelle, conduite sans concertation et dans le mépris des opérateurs, a ainsi estimé Alain Carignon. La municipalité a décidé toute seule de changer de modèle d'exploitation. MixLab avait pourtant répondu scrupuleusement aux exigences de la Ville telles qu'elles étaient présentées dans le cahier des charges. Elle aurait sûrement répondu à d'autres demandes si elles avaient été exprimées ! » Même exaspération du côté d'Olivier Noblecourt : « Cette délibération témoigne d'une vision de la politique culturelle qui veut que l'autorité municipale dicte sa volonté à l'ensemble des acteurs, sans tenir compte des dynamiques en cours. Je n'ai vu nulle part de projet culturel alternatif à celui que MixLab propose et qui avait motivé le choix premier de la délégation de service public. » Émilie Chalas, elle, a encore enfoncé le clou : « Malgré la présence d'une nouvelle élue aux cultures, le déficit de concertation avec les acteurs semble s'être pérennisé. Ce qui inquiète, c'est le manque de visibilité pour l'équipe en place et l'ensemble des Grenoblois. »
L'État réticent ?
Lucille Lheureux, adjointe aux cultures, considère évidemment les choses sous un autre angle. D'après elle, si la concession de service public pose problème, c'est parce qu'elle « conduit à une remise en question tous les cinq ans. C'est exactement ce que nous vivons aujourd'hui. L'État témoigne aujourd'hui de sa grande réticence à l'égard de ce mode de gestion. Pour pérenniser la Belle Électrique et son projet, un autre type de fonctionnement serait dès lors le bienvenu. » L'élue de la majorité croit savoir que la labellisation de la Belle Électrique en Scènes de musiques actuelles (SMAC) serait plus facile à obtenir avec la SCIC, laquelle serait tenue de conserver l'ensemble du personnel de l'établissement actuel (23 salariés). « Déclarer l'infructuosité nous permettra de continuer, avec MixLab, à monter un projet de qualité, à la hauteur de l'équipement, pour asseoir encore la reconnaissance nationale et internationale de la structure ». Attaquée sur ce point, l'adjointe a certifié qu'elle n'avait aucune intention de s'immiscer dans les décisions de programmation de la salle de concerts. Elle a fait part de son souhait que l'éducation artistique et culturelle, « une part du projet de MixLab, en devienne véritablement un pilier ».
Par instants, les débats de mardi ont également tourné à la bataille de chiffres. S'il est trop tôt pour connaître les moyens qui seront alloués à la Belle Électrique dans le futur, l'idée qu'elle puisse obtenir des subventions plus importantes a été évoquée. À l'unanimité cette fois, le conseil municipal a accepté de renoncer à la restitution de sommes versées pour 2020, même si certains projets ont été modifiés ou annulés du fait des mesures liées à la crise sanitaire.