Omerta / Deux documentaires présentés dans le cadre des rencontres s’attachent à décrire par le menu l’influence et l’implantation prédominantes des structures mafieuses dans l’Italie contemporaine.
FC
Ces deux films partagent les mêmes qualités et légers écueils. Une description à rebours de l’hallucinante situation gouvernant le pays depuis la fin du 19e siècle, noyée sous une avalanche d’informations, et aboutissant au même constat : le laisser allez rédhibitoire des autorités italiennes, prônant qu’il vaut mieux vivre avec le crime organisé qu’essayer de le combattre. In un altro paese de Marco Turco se penche sur le parcours d’hommes qui ont justement essayé de s’attaquer à ce véritable système dans le système. Le réalisateur a réuni une somme colossale d’images d’archives, et dispense via le commentaire en voix off les grandes lignes du combat mené par les magistrats, dont le destin devait se sceller tragiquement. Il revient avec objectivité sur les enquêtes menées par Giovanni Falcone, et insiste sur le travail majeur du juge : un véritable décryptage de la hiérarchie mafieuse, opaque jusqu’alors, et ses connections avec toutes les strates de la société italienne. À ce titre, la sortie de Silvio Berlusconi en fin de film sur “l’acharnement judiciaire“ contre la mafia donne violemment la gerbe.Loi du silenceLe film d’Enrico Caria, Vedi Napoli e poi muori (“Voir Naples et mourir”), s’inspire quant à lui du livre de Roberto Saviano Gomorrà, énorme succès qui condamne son auteur à vivre en permanence sous escorte policière. Le film nous rappelle qu’il existe non pas une mais des mafias italiennes, et se concentre sur la Camorra, structure criminelle régissant Naples et ses alentours. Le réalisateur avait quitté sa ville natale à cause de la violence prégnante engendrée par la guerre des familles dans les années 80, puis se décida à revenir à Naples, et participer ainsi à la construction d’une “nouvelle Naples“. Il découvre qu’hélas rien n’a changé, que la Camorra est toujours aussi présente, sanctifiant le règne de l’Omerta, la loi du silence. Caria livre un film enflammé, bordélique, spontané et impulsif, quitte à perdre son spectateur à quelques reprises. Mais dresse lui aussi un portrait sans fards d’une région engoncée dans la routine de la violence et de la corruption. In un altro paese / Vedi Napoli e poi muorijeu 15 nov à 20h30, l’Espace Victor Schoelcher (Seyssins) / lun 26 nov à 20h, à l’Amphidice (campus)
