D’Avi Mograbi (Fr/Israël, 1h21) documentaire
D’un côté, un homme se fait rattraper par son passé et sa conscience, tente d’exorciser ses démons liés à une expédition punitive dont il fut un participant actif lors de son service militaire ; de l’autre, Avi Mograbi nous fait part de ses doutes artistiques en chanson… A la sécheresse rugueuse du dispositif (une série de confessions face caméra), le réalisateur parvient à opposer des réflexions outrageusement pertinentes sur l’image, l’anonymat, le rapport complexe entre le documentariste et son sujet. Non content d’établir, par les jeux subtils du montage et de la montée dramatique crescendo, le conditionnement psychologique erratique imposé par l’armée et la discipline belliqueuse, Mograbi offre donc en contrepoint ses propres interrogations de réalisateur. Ce qui ne pourrait sonner que comme une légitimation de ses partis pris (notamment le fait, très troublant, de masquer le visage de ses intervenants par des masques en 3D) devient, au fil du film, le reflet signifiant de la catharsis de l’ancien soldat en voie de repentance. Même si on peut regretter qu’il ait choisi de le faire au gré d’interludes musicaux (alors que le saisissant prologue du film annonçait la couleur d’une façon autrement plus percutante), il fait reconnaître au réalisateur la bravoure de se mettre à nu avec autant d’acuité, bouleversant en permanence le point de vue déjà bien tancé du spectateur.
FC
