Une famille brésilienne

De Walter Salles et Daniela Thomas (Fr-Brés, 1h48) avec Sandra Corveloni, João Baldasserini…

Après son escapade sur les traces du Che (Carnets de voyage) et le pitoyable remake américain de Dark water, retour en terre brésilienne pour Walter Salles (et sa compagne Daniela Thomas). Dans un bidonville de Sao Paulo, une famille plus décomposée que recomposée (quatre enfants, pas de père, une mère à nouveau enceinte) tente de s’accrocher à de maigres bouffées d’espoir. Pour Dario, le football professionnel, malgré des échecs réguliers aux tests de recrutement («trop perso», puis «trop vieux») ; Dieu pour Dinho, qui cumule un job minable de pompiste et une implication croissante dans l’église évangéliste de son quartier ; les filles pour Denis, déjà père mais toujours aussi coucheur ; et un père noir d’ébène pour le métis Reginaldo, cadet de la famille. Film choral dont le centre de gravité est la mère courage, tantôt dépassée, tantôt combative incarnée par Sandra Corveloni (prix d’interprétation à Cannes), Une famille brésilienne étouffe un peu sous la fatalité sociale que ce genre de dispositif induit mécaniquement. Mais Salles et Thomas ont l’intelligence de déborder leur propos par une mise en scène entièrement physique, dans l’action et proche des corps, au rendu est assez impressionnant à l’écran. Le quartier est filmé comme un terrain de jeu, et l’important est de trouver la bonne «ligne de passe» pour construire une action et espérer atteindre les «buts». De fait, le foot est ici autant une métaphore qu’une échappatoire concrète. Les scènes de match sont d’ailleurs incroyablement cinégéniques : on savait que les Brésiliens jouaient au foot comme personne ; on sait maintenant qu’ils le filment mieux que quiconque !
Christophe Chabert

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