Gérardmer jour 1 : Zombie Fuckers

La station des Vosges, pendant la durée du festival, doit assumer une adorable schizophrénie : élaborer un événementiel caressant dans le sens du poil les fans de cinoche de genre décomplexé, tout en entretenant vaille que vaille le caractère festif de la manifestation, avec en vue, of course, la dynamisation du centre-ville. Ainsi, l’on croise dans les rues des bandes de gamins le visage couvert de maquillages sanguinolents, les vitrines commerçantes y vont de leurs décorations plus ou moins gore, tandis que des haut-parleurs diffusent toute la journée les programmes de la radio du festival, avec quelques interviews calées entre des pubs pour la discothèque du centre et le dernier tube de Lady Gaga (?). Une fois cette ambiance assimilée, on peut se plonger sans trop de problème dans les joies de la programmation. Promis, juré, je rattraperai le premier film de la compétition officielle (le sud-coréen Possessed) demain, presque à la première heure. Mais pour l’instant, concentrons-nous sur le deuxième en lice, La Horde de Yannick Dahan et Benjamin Rocher. Les deux compères, bien connus de nos services pour avoir fait vibrer les geeks cinéphiles avec leur émission culte Opération Frisson, sautent donc le pas et n’hésitent pas à aller au casse-pipe. Avec ce film de zombies shooté à la testostérone, les deux réalisateurs, comme ils l’ont eux-mêmes confessé avant la projection, ont tourné un film destiné exclusivement aux amateurs de cinéma déviant – et de fait s’exposent à un rejet net et sans détour de tous les autres publics ! Soyons clairs, La Horde est un film bis, ouvertement assumé comme tel dans tous ses excès. Dialogues bruts de décoffrage, personnages caricaturaux à souhait, situations poussées dans les ultimes retranchements de l’extrême, générosité hallucinante dans les effets gore, ce premier film se doit d’être vu entre aficionados des séries B à Z. Sans autre prétention, La Horde compense son absence d’originalité par une énergie filmique contagieuse, une belle et sincère envie de cinoche qui déborde de toutes les scènes, aussi bancales qu’elles puissent être à certains moments. Nantis de leur caractère frontal et rentre-dedans, Yannick Dahan et Benjamin Rocher viennent de faire leur entrée dans le bal des réalisateurs débutants en montrant leurs parties intimes d’un air hilare, et avec le majeur dressé. Ce qui est aussi rafraîchissant que kamikaze…

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