Les auteurs à la fête

Une fête du cinéma sans pop-corn ni cola, c’est possible ! Ce n’est peut-être pas la fête, mais au moins, c’est du cinéma ! CC

Pour tous ceux qui pensent que la Fête du cinéma est aussi l’occasion de rattraper les meilleurs films de l’année ou de s’aventurer à peu de frais vers du cinéma différent, une solution s’impose : courir voir Policier, adjectif (photo), la dernière bombe du cinéma roumain. Corneliu Porombuiu y suit pas à pas (c’est le cas de le dire !) le parcours d’un flic ordinaire qui se retrouve avec une affaire banale sur les bras (un vague échange de shit) et, plus ennuyeux, un cas de conscience quant à l’issue de l’enquête. Le film dévie à trois reprises de son enchaînement filature-rapport-pesanteur bureaucratique, pour se lancer dans trois épiques séquences de dialogue, jusqu’à un point culminant, une scène de maïeutique hilarante qui ne laisse aucun doute sur le degré de folie et d’audace de Porombuiu. Rien à voir donc avec l’arrogance et la pédanterie d’un certain cinéma d’auteur, tel que l’illustre par exemple Copie conforme, première incursion extra-iranienne d’Abbas Kiarostami. Une œuvre qui n’habille jamais son concept de départ avec de la chair et des images, mais se contente de disserter dans le vide sur le couple pour un jeu de faux-semblants qui vire, par la prestation dissonante de ses deux acteurs, à un festival de fausses notes.L’avenir d’une illusion
On pouvait attendre beaucoup d’un documentaire sur les Doors signé Tom DiCillo. Mais When you’re strange n’apporte pas grand-chose à la légende d’un des groupes majeurs du rock psyché américain, et encore moins à la réputation de l’auteur DiCillo, transparent derrière ce qui ressemble à un gros bonus DVD pour une réédition des albums. Gros succès en salles en ce moment et récent vainqueur de l’oscar du meilleur film étranger, Dans ses yeux de Juan José Campanella a de nombreuses qualités, notamment dans sa mise en scène, à la fois virtuose et sensible. Mais ce récit au passé d’un crime irrésolu quelques mois avant le basculement de l’Argentine dans la dictature militaire court beaucoup de lièvres à la fois, et ne les rattrape pas tous, laissant la sensation d’une carte de visite bien inférieure au fulgurant Memories of murder, sur un sujet proche. Super-auteur japonais ayant fait fortune dans les festivals internationaux avec un cinéma pudique évoquant le deuil et la cruauté familiale, Hirokazu Kore-Eda se lance avec Air doll dans une veine fantastique et poétique séduisante dans sa première heure — où une poupée gonflable prend vie et découvre le monde en sillonnant les rues de Tokyo, assez ratée dans la seconde. Pas mauvais, mais pas emballant non plus, L’Illusionniste de Sylvain Chomet empoigne un scénario inédit de Jacques Tati pour le transformer en hommage au maître — ce qui est bien pour les fans — mais aussi en guirlande sentimentale nostalgique des années 50 — ce qui est nettement plus embarrassant… Dommage, car Chomet a affiné son trait depuis Les Triplettes de Belleville, et disperse dans son film quelques très belles idées de cinéma. Ce qui, on en conviendra, est le propre d’un auteur de films…

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