«Fabriquer le hasard»

Interview / Figure de proue du street-art français, Alëxone est de retour à A Part avec une expo pas comme les autres... Au programme, une fresque murale coupée en morceaux et ré-encadrée, et des dessins sur photographies. propos recueillis par Damien Grimbert

Petit Bulletin : Tu peux revenir un peu sur la conception de cette expo ? Quelle était ton idée de départ ?
Alëxone : C'est assez simple, j'étais venu faire la première exposition du magasin il y a déjà quelques années, et connaissant bien Marc qui s'en occupe, j'avais envie de revenir y peindre. Comme j'avais une petite mise en scène en tête, j'en ai parlé a Marc, qui s’est montré tout de suite emballé. On n’a donc pas eu à en parler cent sept ans : il me faisait confiance, et je n’avais pas envie de le décevoir !
L'idée initiale était de venir peindre sur les murs quelques jours, et puis je ne sais pas, j'ai eu envie d'en garder quelque chose, un extrait graphique… Et aussi de présenter tout ça un peu différemment… Et comme j'aime beaucoup les dessins sous cadre, la relation s'est vite imposée ! Et pour les dessins sur des photos de Jérôme Vallin, c'est lorsqu'il est revenu de New York et m'a montré ses photos que le déclic a eu lieu. Je voulais faire quelque chose avec, cela faisait longtemps qu'on en parlait, et comme l'occasion fait le larron…
Il a trouvé le moyen d'imprimer ses photos sur du papier canson, pour que je puisse y dessiner au crayon à papier. Après, l'idée était aussi de passer une bonne semaine avec des amis à Grenoble ! Du coup, pari réussi : la semaine fut à la fois studieuse et conviviale.D'où vient son nom, En tiers ?
C’est un petit jeu de mots avec "a part", et le fait que j'allais découper mon oeuvre en morceaux. "En tiers... ou plus " était le titre exact de l'exposition... Finalement, ça a été un peu plus ! En ce qui concerne ton travail sur les photos de Jérôme Vallin, c'était la première fois ?
Oui, c'était la première fois... mais pas la dernière !! On en parlait depuis longtemps, parce que cela fait déjà quelque temps qu'il me suit lors de mes expositions à travers la France et l'Europe. On finit par pas mal se connaître, et j'aime beaucoup son approche de la photographie, avec un côté très graphique et sans prétention...
Pour la petite histoire, je sors d’ailleurs un livre le 15 novembre aux éditions Kitchen 93, "Came à yeux " qui rassemble sur 208 pages mes toiles, dessins et humeurs de 2004 a 2006, et la couverture et quelques autres photos disséminées tout au long de l'ouvrage sont signées Jérôme Vallin.Une de tes particularités est d'avoir l'air assez influencé dans tes œuvres par la culture populaire française…
Eh bien oui... Disons que ça fait partie de la culture d'un jeune trentenaire aujourd'hui ! Et puis nous sommes tellement ouvert sur le monde avec internet et tous les autres modes de communication, que c'est drôle de parler de trucs franco-français... Alors que je passe un tiers (ça revient encore ! ) de mon temps à parler anglais et à voyager ! Mais voilà, je n'oublie pas mes cassettes enregistrées, remplies de films français des années 70... Au cours de tes voyages, est-ce qu'il y a des scènes artistiques locales qui t'ont particulièrement marqué ?
Clairement. C'est en allant en Californie que j'ai été le plus étonné. Toute la peinture que j'aime est exposée là-bas. En 15 jours, j'ai vu plus de peintures qui m'intéressent qu'en 4 ou 5 ans en Europe ! Et j'ai enfin vu en vrai le travail de la plupart des artistes que je regardais sur les magazines et livres jusqu'alors... L’art urbain est souvent pensé en fonction du lieu où il va être conçu, de ce qui l'entoure… Du coup, ce n'est pas un peu flippant de travailler dans une galerie, sans repère, face à un mur blanc ?
Finalement non, c'est un challenge, et une nouvelle façon de fabriquer le hasard...
Disons que c'est à moi de recréer ce que je veux... et je deviens maître de ce que je fais de A à Z… Mais pour garder la fraîcheur de la rue, il faut continuer à y traîner encore un peu... Il y a des nouveaux artistes que tu as découvert et qui t'ont scotché récemment ?
Clairement David Ellis, de New York, pour ses installations et ses vidéos, où il se filme à peindre et repeindre toutes sortes de murs, camions, sols ! En plus, j’ai eu le plaisir de le rencontrer plusieurs fois, et c'est une personne pleine de bonne énergie... À voir, donc !Tu te retrouves dans cette diversification des supports de l’art urbain (vêtements, jouets…) ? Il y a des expériences nouvelles de ce type dans lesquelles tu aimerais te lancer ?
Eh oui, je ne faillis pas à la règle... J’ai fait beaucoup de dessins pour des séries de tee-shirts, mais toujours des petites séries, aujourd'hui toutes épuisées. Et j’ai un projet de jouet qui met pas mal de temps à se faire, mais qui risque de voir le jour bientôt. Sinon, de plus en plus, j'ai envie de produire des choses plus usuelles comme de la vaisselle, du mobilier... Mais malheureusement, les coûts sont tout autre, et il est assez dur de trouver de vrais partenaires.Tu peux me présenter un peu le collectif d'artistes 9e concept ?
Eh bien c'est un collectif d'artistes qui travaille pour différentes marques, pour pouvoir développer des choses plus artistiques en marge... On pourra d'ailleurs retrouver cinq membres de ce collectif (dont moi) au centre Pompidou à Paris du 24 octobre 2007 au 16 janvier 2008 pour une exposition dans l'espace des enfants au rez-de-chaussée.
Le concept principal est que nous allons avoir notre atelier dans l'espace et travaillerons devant les visiteurs, qui pourront ainsi découvrir une autre façon d'appréhender la peinture. Tu graffes toujours autant ?
Je graffe toujours... Mais plus autant. Et finalement, ces derniers temps, cela ne me manque pas trop, car je garde la même énergie dans l'élaboration de mes toiles et la préparation de mes expositions, qui se nourrissent totalement de tout ce background... Et puis la réciprocité est vraie aussi, tout finit par se mélanger… Au niveau de l'énergie du moins...
Après, au niveau de la réalisation, c'est clair que dans mon atelier, je prends vraiment le temps de peaufiner mes toiles et leurs détails, parce que le regard du spectateur sera totalement différent... C'est important aussi d'en tenir compte, c'est un paramètre auquel je m’attache beaucoup.En tiers. jusqu’au 31 déc, à A Part

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