Le Roi est mort, vive le Roi

Fin 2010, l’Espace Vallès laisse filer sa directrice et intronise les collègues de cette dernière dans la foulée. L’identité du lieu en sera-t-elle redéfinie ? Une entrevue avec les principaux intéressés s’imposait pour y voir plus clair. LG

Après vingt ans d’audacieux et loyaux services, Anne Abou quitte la direction de la galerie communale de Saint-Martin-d’Hères pour être remplacée par ses deux collègues (Bertrand Brurataud et Frédéric Guinot), qui se voient donc propulser à la tête du lieu, sans pourtant apercevoir la couleur d’une nouvelle tête. L’équipe se réduirait-elle comme une peau de chagrin ? Le spectre des restrictions budgétaires et la méfiance ambiante vis-à-vis de la culture nous font redouter le pire, l’on soupçonne une discrète suppression de poste ; mais il semble que la transition soit moins diaboliquement symptomatique de notre société du « tout doit disparaître ». Peut-être faisons-nous preuve d’une naïveté légèrement aveugle, mais nous sommes de ceux capables de réviser leurs positions. Car tout n’est pas que cynisme, et certaines mairies sont encore capables d’œuvrer au mieux pour le fonctionnement d’un lieu d’art contemporain. Tout en avouant à demi-mot les bienfaits de faire « quand même des économies », Hélène Millex, directrice des affaires culturelles à la mairie de Saint-Martin-d’Hères, nous explique que nommer l’équipe en place depuis quinze ans à la direction a été une décision très « naturelle », permettant « en interne, d’évoluer dans les postes et responsabilités », de – contre toute attente – « stabiliser des postes dans le champ de l’art contemporain, consolider des postes donc rares ». Et ce avec la volonté politique de conserver et pérenniser un endroit artistique à valeur de « pont urbain », susceptible de tisser des liens entre les villes.« Vallès reste Vallès »
« Le travail d’Anne reste comme un acquis, on est riches d’une belle histoire et d’une belle expérience. Il y avait plusieurs démarches possibles : tout changer, ou s’appuyer sur les bonnes choses ». La seconde option sera la bonne, et c’est tant mieux. Pour leurs futures programmations, Frédéric s’enthousiasme : « je voudrais des choix bien affirmés, choisir ce qui me heurte, me touche, me subjugue, et rester simple », tout en soulignant leur envie « d’instaurer des choses », en faisant par exemple correspondre la programmation de Mon Ciné (voisin de la galerie) avec l’univers des artistes exposés. Pour ce qui est du semestre à venir, les propositions nous semblent cohérentes : on vous en dira plus en temps voulu, mais la prochaine exposition est pleine de promesses. L’occasion pour les peintres James Granjon (photo) et Jean-Frédéric Coviaux de présenter des séries de portraits, impressionnants de gigantisme monstrueux pour l’un, et d’élégance pour l’autre.

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