Zoom / La coutume veut qu'il soit difficile de parler de McCoy Tyner sans évoquer sa participation au glorieux quartet de John Coltrane. De 1960 à 1965, il joue un rôle déterminant auprès du batteur Elvin Jones et du bassiste Jimmy Garrisson au sein de la mythique formation. Si dans la réalisation coltranienne le rôle d'Elvin Jones est capital, on ne soulignera jamais assez à quel point la rencontre avec McCoy a elle aussi été miraculeuse. Pris en sandwich entre les fureurs inquiètes de son leader et le polyrythmique Elvin Jones, McCoy apporte au quartet apaisement, douceur et sérénité. Comme Bill Evans, il développe une conception modale du piano, et comme Cecil Taylor il possède une puissance et une netteté qui lui confère ce fameux son. Née dans la fulgurance coltranienne, sa musique s'est épanouie au fil des années aux côtes des plus grands : Benny Golson, Jackie Mc Lean, Roy Haynes, Sonny Rollins, Max Roach et bien d'autres. Qu'il soit à la tête d'un big band dans la tradition de Duke Ellington, en quartet, trio ou solo, il est sans conteste un des plus grands pianistes des ces trente dernières années. Mais c'est avec la formule reine du jazz, le trio, entre tradition et innovation, qu'il impose au plus haut degré son style puissant et délicat. Et c'est en trio, accompagné de Charnett Moffet à la basse et de Eric Gravatt à la batterie, qu'on le retrouvera dans la programmation du 33e Grenoble Jazz Festival. Et les amateurs devraient être comblés, car si une personnalité comme Mcoy demeure incontournable, celle de Charnett Moffet est chaudement recommandée. Quant à Eric Gravatt, disons que cet ex gardien de prison de Minneapolis est l'un des plus grands batteurs des années soixante dix. Epaulé par une section rythmique infernale, Mccoy Tyner atteste qu'à près de soixante dix ans il reste le messager d'un «art fait d'enthousiasme».Mehdi SalhiMccoy Tyner Trio avec McCoy Tyner, Charnett Moffet et Eric Gravattle 15 mars à la MC2
