MUSIQUE / Productions léchées et avant-gardistes, flows imparables… En quelques années seulement, le label de hip-hop de Chicago Galapagos4 s’est imposé en référence incontournable pour les amateurs de hip-hop underground.
Damien Grimbert
Aux côtés d’une scène rap mainstream synthétique et tubesque à souhait, dominée par quelques producteurs surdoués (Dr Dre, The Neptunes, Timbaland, la nouvelle vague "crunk"…), les Etats-Unis fourmillent également de labels plus underground, mais tout aussi talentueux, qui, loin de s’adonner à une pale copie des courants dominants, préfèrent creuser leur propre sillon. Galapagos4, crée en 1999 à Chicago, est l’un des meilleurs d’entre eux, créateur d’un son unique à bases de beats accrocheurs et de samples vintages apportant une irrésistible fraîcheur, mais également une sourde mélancolie aux flows émérites de ses MCs. Après une tournée monstrueuse en France au printemps 2004 (le War on War Tour, qui réunissait la quasi-totalité du crew), le label est de retour en formation plus resserrée, rassemblant autour du MC prodige Mestizo, dernière révélation du label, un panel de 4 Djs/producteurs des plus recommandables. Et en premier lieu, le crate-digger acharné Meaty Ogre, en charge d’une grosse partie des productions du label. Auteur d’un excellent Leo vs Pisces sorti en 2004, rassemblant morceaux rappés et productions instrumentales, le producteur d’origine floridienne, batteur à ses heures perdues, s’est fait connaître par sa capacité à passer des journées entières à explorer les sombres recoins de vieux disquaires, pour en extraire quelques vinyls poussiéreux d’origine diverses (soul, funk, jazz, mais également rock psychédélique des 70’s, et obscures productions asiatiques, mexicaines, russes ou polonaises…). Entremêlées dans un assemblage de beats hétéroclites ultra-efficaces, à mi-chemin de l’organique et de l’électronique, ces mélodies lui ont permis de s’établir une réputation solide dans l’underground international, qu’il utilise pour mettre en valeur les autres artistes du label, qui ne devraient pas tarder à faire parler d’eux. Hear today, gone tomorrowOn parie notamment sur les carrières de Deejay OM, membre du réputé crew des Vinyl Junkies (Sixtoo, Jel, Alias, Dibbs…), et auteurs de quelques savoureux tracks indianisants, mais avant tout sur celle de Mestizo, MC d’origine siciliano-philippine, originaire de la Bay Area de San Francisco. Fort d’un Life Like Movie de très haute volée, ce jeune rappeur au flow tétanisant, aussi à l’aise sur une vieille boucle soul que sur de l’éléctro abrasive (il a fait ses débuts sur des prods 100% drum’n’bass), s’est également fait connaître par des textes engagés et remarquablement bien écrits, sur lesquels il fustige la politique internationale désastreuse du gouvernement Bush, mais également le mépris quotidien subis par les immigrés désargentés, et cantonnés à des jobs de bas étage. Transcendés par son art du flow, dont il faut être témoin en live pour apprécier pleinement la flamboyance, les propos affûtés de Mestizo font d’autant plus mouche qu’il sont servis sur un lit d’instrumentaux tous plus ravageurs les uns que les autres, achevant de rendre la prestation du MC incontournable pour les amateurs… et les autres.Soirée Galapagos4à l’Art-Scènele 5 février à 22h
