Musique / Il en va du folk comme de la bonne série B : une fois qu’on pense en avoir fait le tour, il y a toujours un ovni qui vient nous rappeler pourquoi on s’y attarde. Ne voyez pas dans cette comparaison une dépréciation de l’un ou l’autre, mais il convient de préciser que les deux disciplines ont connu ces dernières années une réévaluation à la hausse, autorisant tout et n’importe quoi à sortir en tête de gondole. D’où une tentation pour les authentiques aficionados de s’en dégager, de laisser la mode passer pour revenir aux fondamentaux. C’est justement le but implicite des compères de Two Gallants, nous donner un aperçu brut de décoffrage d’un folk ne donnant pas dans l’affèterie ou la surproduction hasardeuse (inutile de suivre mon regard). Les deux garçons en sont déjà à leur troisième album, qu’ils ont choisi de baptiser du nom de leur formation, comme pour opérer un reboot après les formidables écarts acoustiques de leur The Scenery of Farewell sorti plus tôt dans l’année. Ne pas se fier aux a priori malvenus : derrière l’apparent dénuement du groupe (trois instruments ont droit de citer : batterie, guitare, harmonica) et la tonalité globalement pateline des morceaux, se cache une énergie prête à submerger l’auditeur à n’importe quel moment. Un déconstruction qui n’opère pas seulement dans les morceaux les plus “évidents“ (The Deader, Miss Meri, Despite what you’ve been told), mais aussi dans leurs nombreuses ballades, véritables morceaux de son americana comme on en entend rarement de nos jours. Un élément clé relève cette sauce : la voix nasillarde d’Adam Stephens, qui confère aux compositions cet équilibre instable unique, et donne aux Two Gallants leur atmosphère si particulière - un timbre si atypique qu’il risque de rebuter dès sa première envolée... FCTwo Gallantsmar 27 nov à 20h30, au Ciel, dans le cadre du 4e Mois Américain
