Country furieuse / De Toronto, Canada, à Fort Wayne, Indiana, il n’y a que trois cent kilomètres, mais il faut croire que cette région du globe regorge de voix éraillées et cassées. Le leader du groupe Elliott Brood en est un parfait exemple. Loin d’être une jeune formation inconnue à l’ascension fulgurante, le trio canadien a réalisé trois disques depuis 2002 et est aujourd’hui en phase de devenir l’une des révélations d’alternative country de cette décennie (un style influencé par le bluegrass, le rock‘n’roll, le rockabilly, et autres). Autour du timbre rauque de Mark Sasso se construisent des chansons déglinguées, accentuées par une utilisation continue, voire abusive, du banjo comme base mélodique. Les trois musiciens s’appuient sur une rythmique simple et enjouée pour évoluer dans des structures couplets-refrains aux chœurs passionnés. Ils osent même des mélodies et des combinaisons d’accords aujourd’hui formellement interdites pour tout groupe rock qui se respecte. Mais rassurez-vous, la dextérité et la franchise de leur jeu font qu’on ne peut qu’abandonner tous nos vilains préjugés de mélomane du dimanche et encaisser comme il se doit la leçon : le tube existe aussi dans la musique indé. En contraste avec leur musique dynamique et optimiste, les textes évoquent un univers plutôt noir dans lesquels se mêlent l’amour, la perte de proches et le meurtre. Un conseil, débrouillez-vous pour être à l’heure ce soir-là, car la première partie sera concédée au duo de l’Indiana Left Lane Cruiser, un pur produit anti-commercial de garage blues qui promet émulsions et crises de tachycardie. Une voix rugueuse, une guitare qui suinte et une batterie débraillée pour une musique lourde, jouée avec un son magistralement crade et un esprit punk que l’on désespérait de voir renaître.
Patrice COEYTAUXElliott Brood + Left Lane Cruiser
Mar 14 oct à 20h30
au Ciel
