Massi attaque

Tête d’affiche du festival On dirait le Sud, Souad Massi nous invite à découvrir son bouleversant univers sonore, transcendé par une maîtrise vocale hors normes. Comment refuser ? FC

Pour les foutriquets qui en auraient encore douté, la dernière sortie discographique de Souad Massi (un très beau live acoustique) a mis les pendules, les horloges et les montres à quartz à l’heure. Bon, en même temps, ce n’était pas vraiment un scoop : dès Raoui (2001) et son morceau titre, on découvrait une interprète à la voix saisissante, à même de donner à la langue arabe une musicalité inédite - certes tributaire de l’héritage du chaâbi, mais également fortement marquée par l’influence des songwriters folk. Une chanson en forme de profession de foi dans son titre (qu’on pourrait traduire par “conteur“), ses arrangements discrets au service de cette voix unique, sa poésie textuelle à fleur de peau disant la mélancolie, la nostalgie ni revancharde ni passéiste. Pourtant, Souad Massi pourrait nourrir du ressentiment vis-à-vis de son pays natal, dont elle dut partir précipitamment – membre du groupe rock engagé Atakor, elle reçut des menaces de mort qui la poussèrent à l’exil. Mais ce serait mal connaître l’artiste, sa propension à se nourrir de son vécu pour élever ses créations. Transformation en douceur
Arrivée en France, elle pense un temps arrêter la musique, légitimement blasée par sa frustrante expérience. Elle se fait donc un peu violence (mais pas trop) quand on lui propose de participer, en 1999, au festival parisien Femmes d’Algérie. Elle y teste un répertoire inédit, relativement éloigné de son énergie revendicative qui la fit connaître – et redouter – en Algérie. Et forcément, le concert s’avère plus que concluant, et attise la curiosité d’Island Records, chez qui elle sortira son premier album précité. Dans les deux suivants, Deb (2003) et Mesk Elil (2005), elle restera fidèle à sa nouvelle ligne conductrice, inspirée par ses écoutes de jeunesse (de la légendaire scène folk américaine au fado), et enchaînera les compositions a priori diaphanes, mais toujours frappées d’une puissance d’évocation terrassante. D’une beauté immédiate, ses chansons évoquent ses impressions actuelles et passées, ses doutes, ses envies, tout en revêtant une universalité poétique précieuse. Si l’on ajoute à cela une présence scénique envoûtante, vous comprendrez bien qu’on ne puisse faire l’impasse sur son live grenoblois. Souad Massi
Le 12 juillet à 22h, parvis du Théâtre Ste-Marie-d’en-Bas, Grenoble (festival On dirait le Sud)

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